Divine Physician An Daoquan (安道全), surgeon, operating on female warrior Gu Dasao (顾大嫂).By Utagawa Kuniyoshi [Public domain], via Wikimedia Commons
De nombreuses femmes ont du traverser une telle quantité d’épreuves traumatiques au cours de leur vie, que le seul fait d’avoir pu y arriver fait d’elles de solides guerrières. De plus, en tout cas dans mon entourage, elles se reconnaissent dans ce terme.
Mais ces épreuves ont inévitablement laissé des traces en elles, parfois jusque dans leur corps. Tant que les plaies ne sont pas guéries (pour certaines d’entre elles c’est l’oeuvre d’une vie), elles restent sensibles. Elles nous rendent particulièrement vulnérables et nous devons apprendre à vivre et composer avec, au moins le temps nécessaire pour aider à les faire guérir.
Se retrouver seule à devoir éduquer des enfants, et avec un revenu très limité, soit faute de qualifications professionnelles soit parce que la prise en charge des enfants rend impossible un travail à plein temps est un facteur de stress majeur, qui dure de nombreuses années et qui rend très difficile la vie de nombreuses femmes.
Les mémoire traumatiques qui résultent des abus subis dans l’enfance sont encore bien plus lourds à porter. Un stress post-traumatique ne s’apaise pas avec le temps. Toute situation qui rappelle de loin où de près les abus subis dans l’enfance les réveillent dans toute leur puissance. Ceci peut rendre la vie extrêmement difficile et pousse les victimes à « réduire leur vie » pour éviter toute situation de cet ordre. Si on ne peut pas faire l’économie du travail nécessaire pour se libérer de ses stress post-traumatiques, on doit faire extrêmement attention à ce que ce travail ne les ravive et ne les renforce pas (*) ….
A moins qu’il ne s’agisse d’accident, les traumatismes subis dans l’enfance ont été infligés dans le cadre d’une relation perverse avec un proche. Cette forme de relation est utilisée par l’adulte maltraitant pour faire croire à l’enfant victime que c’est lui qui est responsable, même coupable, de la situation qu’il aurait largement mérité. Les enfants victimes de ce genre de torture grandissent avec une image très noire d’eux-mêmes, ils n’ont pas de sécurité intérieure, ils se sentent extrêmement vulnérables et n’ont aucune conscience de leur propre part de puissance. Trouver puis intégrer cette conscience est un long travail.
Les femmes qui sont aussi des enfants douées doivent également faire avec leur immense sensibilité et leur clairvoyance. Loin d’être un avantage, il leur faut faire face à l’incompréhension et au rejet des autres qui n’ont pas la même sensibilité. Il faut vivre avec l’impuissance et la douleur issues de l’impossibilité de changer des choses, pourtant évidentes pour nous-mêmes, mais que ceux qui nous entourent ne voient pas.
Certaines d’entre elles vivent en plus avec d’autres formes de différences. Qu’elles soient homosexuelles, trans, extrêmement grandes, migrantes, etc. Il leur faut en plus intégrer, accueillir, assumer puis affirmer ces formes de différence qui sont souvent une autre cause de rejet.
Ca finit inévitablement par faire beaucoup pour une seule personne!
Dans mon humble expérience, trouver son chemin dans le dédale qui résulte de tout cela exige un immense engagement, une très grande détermination, beaucoup de courage, et tout cela dans la durée. Il est indispensable de chercher son chemin de tout son coeur, de toute son âme et avec toute son énergie. C’est aussi indispensable de pouvoir rencontrer les bonnes personnes aux moments clefs, qui, d’une manière où d’une autre vont pouvoir nous aider comme nous en avons besoin dans ces moments là. Qu’est-ce qui fait que certaines personnes y arrivent et d’autres non est, pour moi, un mystère.
Se prendre en main par soi-même et au quotidien est évidemment tout aussi indispensable. En ce qui me concerne, observer ce que je vis, prendre le temps de mettre en mot mon ressenti a été vital. Prendre grand soin de mes amies et de mes relations l’a été tout autant. Trouver des groupes source de vie, de rencontres, de joie et de bonheur a aussi été très précieux. Dans mon cas, cela a été la Biodanza (**). Trouver le moyen de me libérer de ce qui m’empoisonne au quotidien (entre autre tout ce qui suscite des ressentiments dans le cadre de ma vie professionnelle), de me recentrer, de retrouver ma respiration, ma conscience à moi-même et à mon corps a aussi été important et cela a pris très longtemps. Pour moi, la marche lente en pleine nature, le contact avec la forêt et les arbres est efficace (alors que je n’ai jamais accroché à des outils comme la pleine conscience).
Ce serait présomptueux de ma part que d’affirmer que tous ces moyens rendent la vie radieuse et facile. Mais ils contribuent en tout cas à rendre la mienne vivable, à trouver une certaine paix, à me permettre de goûter tous les bons moments que j’y trouve (ils sont nombreux) et à faire face aux situations difficiles en étant moins affectée par ces dernières.
Mais c’est peut-être aussi cela, être une guerrière.
(*) Voir Peter A. Levine, In an Unspoken Voice: How the Body Releases Trauma and Restores Goodness, North Atlantic Books, 2010
« Hangakujo ». The female warrior samurai Hangaku Gozen by Yoshitoshi (1839-1892). From the series « Yoshitoshi mushaburui: A series of warriors by Yoshitoshi. » Published in « The Floating world of Ukiyo-e, » essays by Sandy Kita, New York, 2001, no. 72, p. 135. Exhibited at « The Floating world of Ukiyo-e: shadows, dreams and substances, » organized by the Library of Congress, 2001. Colour woodcut print, 37 x 25.3 cm.Tsukioka Yoshitoshi [Public domain], via Wikimedia Commons
Jean Shinoda Bolen, The millionth circle Conari Press, 2003
En 2003, la thérapeute Jungienne Jean Shinoda Bolen a publié « The Millionth circle – How to change ourselves and the World – The essential guide to women circles » (« Le millionième cercle – Comment nous changer nous-mêmes et changer le monde – Le guide essentiel pour les cercles de femmes »). Elle avait déjà beaucoup écrit sur les archétypes féminins ((*), (**)) et ses textes sont traduits en de nombreuses langues, sauf, comme d’habitude, en français!
Avec cet ouvrage, Jean Shinoda Bolen a popularisé et réintroduit une tradition de nombre de peuples premiers, à savoir le cercle des femmes du clan. C’est très souvent un espace égalitaire (un cercle), un lieu de pouvoir pour les femmes, un espace de transmission, d’initiation, de solidarité, de stimulation et de compagnonnage.
C’est aussi une tradition que toutes les cultures patriarcales, en appliquant le principe « diviser pour régner » se sont efforcées d’éradiquer totalement. Tant que les femmes sont des rivales et sont complètement centrées sur les hommes, elles ne se constituent pas en tant que groupe et elles ne se révoltent pas pour faire entendre leur voix….
Jean Shinoda Bolen a aussi décrit sa vision en prenant pour analogie l’expérience bien connue de singes macaques vivant dans des îles japonaises. Sur l’une de ces îles, les singes étaient nourris par les humains qui les étudiaient. A un moment donné, une jeune femelle s’est mise à laver sa nourriture (des patates douces si ma mémoire est bonne) à l’eau de mer. Sa pratique s’est lentement répandue chez tous les jeunes du clan. Avec le temps, les autres clans de singes de cette même île se sont mis à faire de même. Plus tard encore, tous les clans de toutes les îles avaient adoptés sa pratique, alors même que les singes n’avaient aucun contact physique entre eux!
Par analogie, sa vision est que la création d’un premier cercle facilite la création d’un second, qui stimule celle d’un troisième, etc. jusqu’à la création du millionième. Son espoir est que, une fois ce seuil symbolique passé, les cercles vont avoir un impact sur toute la société, de par leur seule existence qui sera devenue incontournable. Alors, les sociétés devront prendre en compte sérieusement les valeurs des femmes engagées dans ces cercles, à savoir prendre soin à long terme de la vie, qu’il s’agisse de celle de la famille, du clan ou de la Terre mère.
Elle décrit sa vision dans ce petit livre de moins de 100 pages, avec une écriture en vers très belle et très poétique.
Dans mon passé, j’ai eu l’occasion de participer à de tels cercles et j’ai constaté qu’ils peuvent être des stimulants puissants pour des femmes qui se situent dans un parcours de vie plutôt traditionnel, pour qui l’archétype de la féminité, la maternité, le fait d’être une épouse et une mère de famille sont des choses essentielles.
C’est nettement moins simple pour des femmes atypiques, dont le parcours de vie est nettement plus queer, qui assument et expriment pleinement leur part « yang » et qui se définissent par elles-mêmes plutôt que d’attendre de compléter un hypothétique autre. Je fais partie des femmes de cette mouvance et il est possible que nous devions créer nos propres cercles, des cercles de louves et de guerrières afin de trouver notre place.
Je m’interroge aussi sur la possibilité de changer la société uniquement en atteignant un seuil donné. Je vois combien les cercles de pouvoir vivent complètement coupés du reste de la société et je peux tout à fait imaginer que ces derniers fassent tout pour entraver un changement qui les dérange et les met en cause, comme cela s’est passé face aux révolutions sociales du 2ème siècle, dont aucune n’a vraiment pu être achevée à cause de cela.
Mais cela me parait une belle vision et une belle initiative de la part de Jean Shinoda Bolen qui gagne à être connue et tentée par un nombre croissant de femmes de par le monde. C’est pour cela que j’en parle.
Il se trouve aussi que, pour une fois, le monde de l’édition francophone s’est quelque peu réveillé et cet ouvrage a enfin été traduit en Français. Comme le titre de la traduction française n’a strictement rien à voir avec le titre du livre originel, ni avec son sujet d’ailleurs, il faut un peu chercher. Mais il est disponible dans toutes les bonnes librairies:
Jean Shinoda Bolen La pratique des cercles de compassion Jouvence, 2011
(*) Voir: Jean Shinoda Bolen, Goddesses in every woman, Harper & Row 1984, Quill Editions, 2004
(**) Voir: Jean Shinoda Bolen, Goddesses in older women, Harper Collins 2001, Quill Editions, 2002
Quand « Le drame de l’enfant doué est paru » (*), son auteure a ouvert une brèche dans un monde jusque-là plutot lisse de la psychologie et de la psychothérapie. La brèche a été d’autant plus grande qu’Alice Miller était en rupture de ban, et que c’est un éditeur généraliste (Suhrkamp) qui a publié cet ouvrage originellement destinés aux professionnel-le-s de la relation d’aide.
Cet ouvrage a eu un succès si retentissant qu’il a été traduit en de nombreuses langues. Par chance, cette fois les francophones y ont aussi eu droit, ce qui est très loin d’être toujours le cas (**).
Alice Miller a été la première psychothérapeute à prendre ouvertement, publiquement et avec quelle force, le parti des enfants maltraités, abusés, battus, victimes de carences graves. Elle a été la première à dire haut et fort que de tels traitements sont rien moins que criminels.
Elle a décrit les mécanismes de la maltraitance, le fait que l’enfant abusé perd tout repère alors que ses parents abuseurs prétendent agir « pour son bien ». Elle a exposé l’impossibilité pour lui de les démasquer s’il n’a pas dans son entourage un « témoin éclairé » qui affirme le caractère intolérable de ce qu’il subit. Elle a montré que le traumatisme s’installait alors comme un kyste, et que la personne était le plus souvent condamnée à le répéter sous forme transposée et sans même qu’elle en ait conscience dans la suite de son existence. Devenu indicible, le trauma a alors toutes les chances de se transmettre de génération en génération, les enfants abusés devenant des parents à leur tour abuseurs quand leurs propres enfants réveillent sans le vouloir leur traumas qui doivent à tout prix être tus puisqu’ils avaient été commis « pour leur bien ».
Elle a été la première à dénoncer le fait que, loin de se restreindre au cadre familial, ce mécanisme imprègne toute la société occidentale (entre autres). Elle l’a mit en mots en parlant d’un onzième commandement (« tu ne t’apercevras de rien »), qui pose un interdit de plus sur la dénonciation de ce que l’enfant a subi de la part de ses parents et/ou de leurs proches. Avec d’autres, elle a décrit la « pédagogie noire » qui imprègne les familles et le système scolaire, qui renforce ce commandement, qui transforme l’enfant victime d’abus en un coupable qui les a suscité. Cette même pédagogie noire contribue à couper encore plus totalement les personnes de leur ressenti en ne valorisant que les capacités cognitives et en ridiculisant toutes les personnes qui ne se conforment pas à ce commandement.
Elle a également clairement mis en lumière comment nombre de religions, certains thérapeutes et certaines écoles thérapeutiques dont la psychanalyse, s’étaient faits les complices actifs ce ce système. Loin d’aider les personnes en détresse qui cherchent de l’aide, elles contribuent à les enfermer encore plus afin de faire respecter le onzième commandement. Quoi que tes parents t’aient fait, tu honoreras et idéaliseras ton père et ta mère. Tu leur pardonneras tout vu qu’ils ont agi pour ton bien!
Inutile de dire que, directement mis en cause, les milieux académiques n’ont guère apprécié et on répondu par un silence glacé. Par contre ses écrits ont eu un grand écho auprès du public, dans lequel se trouve de nombreuses personnes victimes d’abus en recherche d’une aide sincère. Ses écrits ont aussi été lus et appréciés par des thérapeutes de terrain plus ouverts d’esprit et de coeur, qui avaient parfois du faire eux-même le chemin de se libérer de leurs propres traumas.
Au fur et à mesure de ses ouvrages, elle a complété son exposé. Avec « L’enfant sous terreur » (***) et « c’est pour ton bien » (****), elle a exposé beaucoup plus en détail les mécanismes de la maltraitante et de sa transmission de génération en génération. Avec « Notre corps ne ment jamais » (*****), elle a aussi montré comment le language de notre corps pouvait nous guider dans la recherche de pistes et de traumas dont même le souvenir était scellé (on parle de « clivage »). Elle a fait un travail comparable autour de la thérapie créative et des oeuvres de personnes qui exprimaient, plus ou moins consciemment leurs traumas au travers de leur production.
Dans tout cette oeuvre elle pu prendre pour son lectorat un rôle de signe d’espoir, d’aiguillon nous poussant à ne pas abandonner, de témoin éclairé pour les adultes qui n’en n’avaient pas eu enfant, alors qu’ils étaient victimes d’abus. C’est une intuition, mais je crois très sincèrement qu’elle a contribué à ce que nombre de personnes ne perdent pas espoir et soient encore en vie aujourd’hui.
Par contre, elle n’a jamais fourni de piste pratique sur l’art et la manière de repérer et de se libérer de ses traumas. La seule fois où elle s’y est risquée, elle a recommandé une école thérapeutique dont le créateur s’est révélé être un escroc. C’était plus qu’un gros échec. Elle a continué à écrire, mais ses livres ont petit à petit perdu en impact.
Entretemps, différentes méthodes permettant de se libérer de ses traumas sont nées dans le monde anglo-saxon. Je pense en particulier à l’EMDR et au Somatic Experiencing. D’autres travaux ont mis en évidence les conséquences neurologiques de la maltraitance (******). D’autres encore commencent à montrer que cette dernière peut avoir des conséquences sur notre génome (*******). Si la situation n’est plus la même qu’au début des écrits d’Alice Miller, la seule personne qui ait pris sa succession dans la défense active des victimes est la psychiatre Muriel Salmona (*******). Cela reste un sujet « sulfureux » qu’il vaut mieux ne pas aborder quand on fait partie du monde académique, des autorités de santé ou du pouvoir politique.
***
Trois ans après le décès d’Alice Miller (en 2010), parait le témoignage de Martin Miller, psychothérapeute et fils d’Alice Miller (*********). Ce dernier nous révèle l’envers du décor, envers qui éclaire les écrits d’Alice Miller sous un jour nouveau.
Alors qu’Alice Miller s’est longtemps présentée comme une psychothérapeute d’origine uniquement Suisse, Martin Miller rapelle qu’elle est née en 1923 en Pologne dans une famille juive. Au moment de l’arrivée de l’envahisseur allemand, alors qu’elle a la possibilité de s’enfuir avec des proches, elle choisit de rester pour tenter de protéger sa propre famille. Pour y arriver, elle s’évade du ghetto où elle a été alors parquée. Elle adopte alors une nouvelle identité afin de passer pour une polonaise « aryenne ». Pour survivre, elle doit effacer totalement et d’un trait de plume tout son passé. Elle arrive à faire sortir du ghetto sa mère et sa soeur qu’elle cache. Avec ses proches comme un fil à la patte, sa couverture ne peut pas être parfaite et Martin Miller sait qu’elle a subi l’insoutenable de la part d’un membre polonais de la SS, pour pouvoir survivre et continuer à cacher ses proches.
Arrivée à la fin de la guerre, cette tragédie reste indicible et elle ne peut pas retrouver son ancienne identité. Elle doit rester « clandestine » dans ce nouveau monde et son passé, son enfance, la guerre reste un secret à taire et à cacher à tout prix.
Elle réussit à émigrer en Suisse et y devient psychanalyste dans les années 50. En Suisse, la vie n’est pas facile pour elle. Après des années de privation, le choc de se retrouver dans un pays qui n’a pas connu la famine est terrible. Sa vie privée y est très difficile et elle finira par divorcer de son compagnon, venu avec elle de Pologne, dont elle ne voulait en fait pas, et qui portait le même prénom que le SS qui avait abusé d’elle pendant la guerre. La relation avec son fils est aussi difficile. Ce fils qui lui rappelle le mari dont elle ne voulait pas et qui l’a encombrée pendant des années. Enfin, elle est témoin des querelles de chapelle et des luttes de pouvoir au sein de la communauté psychanalytique suisse. Pendant longtemps, elle prend la défense des groupes conservateurs alors même qu’elle avait une perception de plus en plus critique de la psychanalyse.
Au moment où elle se met à écrire, elle rompt définitivement avec la psychanalyse et elle cesse progressivement sa pratique. Cela la privera de la possibilité de continuer à vérifier ses intuitions sur le terrain. Alors même que ses dénonciations de la maltraitance sont de plus en plus claires et radicales, sa relation avec son fils devenu adulte reste extrêmement difficile, pour ne pas dire maltraitante. Poussé par elle dans les bras du seul thérapeute qu’elle ait jamais recommandé, il lui faudra arriver à le démasquer et à prouver qu’il était un escroc (alors même qu’il y avait une collusion entre ce dernier et sa mère) pour avoir enfin la paix! Elle rompt aussi avec toutes les personnes, parfois des amis de longue date, qui à une occasion ou à une autre, abordent le sujet de la shoah et l’interrogent sur son propre vécu.
Ca n’est qu’à la toute fin de sa vie qu’elle reconnaitra le caractère abusif de son comportement envers son fils et aussi le poids énorme des ses traumatismes de guerre, jamais abordés, dans sa vie et son comportement depuis la libération.
***
Il est important de noter que Martin Miller n’a pas écrit un livre « règlement de comptes » et c’est tout à son honneur, vu la relation entre sa mère et lui. Bien au contraire, il reconnait et se réclame des thèses initiales D’Alice Miller (ses trois premiers livres qui traitent du drame de l’enfant doué, de la pédagogie noire, du 11ème commandement, et de la complicité de la psychanalyse dans le système de pédagogie noire). Là où il ne peut plus adhérer c’est quand sa mère affirme qu’une personne peut se libérer seule de ses traumas et quand ses écrits sont tordus par ses propres traumas dont elle n’a pas conscience.
Par contre, il remarque que la première personne dont Alice Miller parle dans « le drame de l’enfant doué », c’est d’elle-même! Son livre n’aurait sans doute pas été aussi percutant si elle n’avait pas pu puiser son matériau dans sa propre existence. Le deuxième enfant doué ce cette histoire, c’est sans doute Martin Miller qui a réussi à lever le secret sur les traumatismes de guerre de sa mère et sur leurs conséquences dans leur vie et dans ses écrits. On peut aussi noter que, faute d’avoir se libérer de ses traumatismes de guerre, la vie privée d’Alice Miller illustre à la lettre ses écrits publics à savoir les conséquences des traumatismes, l’impact du secret dans lequel ils reposent et leur capacité à se transmettre de génération en génération.
Au delà de l’histoire d’Alice Miller et de son fils, la leçon absolument vitale de ce témoignage, c’est de se souvenir que les thérapeutes sont eux aussi des êtres humains avec leur part de traumas plus ou moins bien assumée (et de conditionnement sociaux), et qu’ils sont de ce fait des guérisseurs blessés. Se retrouver devant un thérapeute qui n’en n’a pas conscience avec acuité et qui n’a pas l’humilité correspondante doit résonner en vous comme un très gros signal d’alerte. Si quelqu’un se pose en maître à penser et/ou affirme ne pas/plus avoir de problème, vous savez ce qu’il vous reste à faire!
L’autre leçon est que l’interaction entre la personne aidante et la personne aidée est inévitablement compliquée et qu’il est difficile de savoir avec certitude si elle est saine ou pas. Quand, par exemple, un thérapeute se trouve face à une personne qui veut se suicider et qu’il réagit en ordonnant un placement « non volontaire » en institution psychiatrique, à partir de quoi réagit-il? De ses propres secrets de famille? Du suicide d’un de ses proches durant son enfance? Des conditionnements sociaux qui ont posé un tabou sur le suicide? Ou d’un souci réel pour une personne qui serait effectivement dans une dépression assez lourde pour ne plus être (temporairement) capable de discernement? Et qu’est-ce qui motive l’autre personne? Comment trancher et savoir?
Autrement dit, qu’on soit d’un côté ou de l’autre d’une relation d’aide, on sait (peut-être) un peu qui on est et, à coup sûr, on ne sait pas qui est l’autre. Cela exige des deux parties de ne jamais abandonner leur autonomie et d’assumer pleinement leur responsabilité. Si vous êtes en désaccord avec le feedback de votre thérapeute et que la relation ne vous convient plus, surtout n’hésitez pas à aller voir ailleurs. Que vous restiez ou que vous partiez, c’est à vous d’être attentif aux fruits de vos actes et de vous ajuster en conséquence. La réciproque est vraie pour les personnes aidantes.
***
Dans la bibliographie ci-dessous, j’ai mentionné à la fois les rites originels en allemand et ceux en français. Il se trouve que les titres en allemand sont beaucoup plus parlants que ceux des traductions.
(*) Alice Miller, Das Drama des begabten Kindes une die Suche nach dem wahren Selbst, Suhrkamp Verlag, 1979
Le drame de l’enfant doué, A la recherche du vrai soi, PUF, 1983, 2013 pour l’édition la plus récente au moment de la rédaction de ce billet
(**) En plus de la kyrielle d’ouvrages essentiels non traduits en français, je suis toujours surprise de voir la qualité, disons, très inégale, de ceux qui sont tout de même traduits. C’est ainsi que, par exemple, il manque toujours 5 chapitres à l’édition française de « On Becoming a person » de Carl Rogers, ouvrage qui date pourtant des années 60…..
(***) Alice Miller, Du sollst nicht merken, Suhrkamp Verlag, 1981
L’enfant sous terreur, L’ignorance de l’adulte et son prix, Aubier, 1986
(****) Alice Miller, Am Anfang war Erziehung, Suhrkamp Verlag, 1980
C’est pour ton bien: Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, Aubier, 1984
(*****) Alice Miller, Die Revolte des Körpers, Suhrkamp, 2004
(********) Muriel Salmona, Le livre noir des violences sexuelles, Dunod 2013
(*********) Martin Miller, Das wahre ‘Drama des begabtes Kindes’: Die Tragödie Alice Millers – Wie verdrängte Kriegestraumata in der Familie wirken, Kreuz Verlag, 2013
Le vrai drame de l’enfant doué, La tragédie d’Alice Miller, PUF, 2014
Avec quelques autres (Sandra Ingermann, Barbara Tedlock, etc.), Michael Harner fait partie des auteurs dont l’expérience et le sérieux en matière de chamanisme est indiscutable à mes yeux.
Publié en 1980, the way of the shaman (2011 pour la traduction française (*)) et sa définition d’un « chamanisme essentiel », commun à la plupart des traditions (et diffusé via sa fondation), a fortement contribué à faire connaître et à populariser les pratiques chamaniques auprès des personnes vivant en occident.
Sa démarche n’est, bien sûr, pas restée sans critique.
Pour les anthropologues des années 70, Michael Harner a « franchi le rubicond » et « trahi la cause » en acceptant le bien fondé des expériences des personnes des peuples premier qu’il rencontrait, en se faisant initier et en diffusant leur expérience sans la distance, la critique, le scepticisme et le paternalisme indispensable à leurs yeux.
A vouloir définir un ensemble de pratiques conçues comme « essentielles », il en a inévitablement exclu d’autres (comme, par exemple, la référence aux quatre directions de la roue de médecine et l’ensemble des expériences chamaniques spécifiquement féminines (**)). Il a sorti les pratiques qu’il considère comme essentielles des contextes culturels dans lesquelles elles existent aujourd’hui. Ceci a suscité la fureur des personnes pour qui ces éléments sont essentiels.
Quant à l’accusation qu’on lui a faite d’avoir « volé le savoir des peuples premiers » et de se contenter de « faire de l’argent sur leur dos », je sais par ma propre expérience que, pour faire fonctionner une fondation et pour financer des recherches, il faut de l’argent. Le fait de rendre les stages de la FSS payants (et à un coût raisonnable) ne signifie pas que Michael Harner se soit enrichi personnellement.
A mes yeux, le voyage chamanique dans les mondes d’en haut et d’en bas au son du tambour (et sans la moindre utilisation de substance) que définit le « chamanisme essentiel » est en effet une pratique de base. Le chamanisme ne se réduit pas à cela, bien sûr. Mais c’est un outil qui, une fois qu’il est un peu intégré, permet aux personnes qui le souhaitent de poursuivre leur chemin par elles-mêmes et avec les guides qui leur correspondront. Une correspondance avec des membres de la faculté de la Foundation for Shamanic studies m’a confirmé que c’est ainsi qu’elles perçoivent leur mission.
Trente ans après son premier ouvrage, Michael Harner vient d’en publier un deuxième, « Caverne et cosmos », fruit de ses expériences durant toutes ces années et de son parcours de vie (***). Dans ce texte, très riche, il partage ses expériences de vie qu’il juge essentielles. Certaines de ces dernières sont liées à son propre parcours de vie et à sa recherche d’esprits alliés pour pouvoir mener son propre chemin. Une autre, plus générale est que les esprits sont réels (ce ne sont pas que des archétypes), qu’ils aspirent à être reconnus et qu’ils agissent en ce sens à de nombreuses occasions.
Une autre encore est une synthèse des expériences faites par des personnes d’occident lors de voyages chamaniques. C’est un peu comme la première exploration d’un nouveau monde. La carte n’est de loin pas complète. Elle l’est d’autant moins que la manière dont chaque personne fait ce genre d’expérience est unique et personnalisée. Cela me semble néanmoins important de constater que ces personnes refont des expériences que les chamanes des peuples premiers ont fait depuis des millénaires. J’espère que cela contribue et contribuera toujours plus à ce que ces peuples soient respectés, que l’importance et la valeur de leur apport soit reconnue, que leur dignité, leurs droits et leurs terres soient tout autant pris en compte et respectés.
Il me semble tout aussi important de noter que les personnes qui entreprennent ce genre de parcours font l’expérience que nous ne sommes pas séparés des autres êtres vivants et de la nature, mais que nous formons un tout interdépendant, que nous nous devons de le respecter. Ce faisant, nous vivons un sentiment « d’être reliés » très puissant et satisfaisant.
Pour finir, cette synthèse reprend les expériences de personnes qui ont des origines fort diverses. Il est possible de venir d’un environnement chrétien, bouddhiste ou autre et de faire l’expérience de voyages chamaniques. Les résultats sont parfois surprenants et ils peuvent aider à ce que les uns acceptent mieux les expériences et les parcours des autres et réciproquement.
Bref, ce texte me parait vraiment très riche et susceptible de toucher tant les personnes qui ont déjà fait l’expérience de voyages chamaniques que les personnes qui sont curieuses ou qui s’intéressent à ce que cela peut représenter.
Dans son tout premier ouvrage(*), la psychothérapeute Alice Miller a utilisé l’expression « d’enfant doué » pour décrire les enfants particulièrement sensibles, perceptifs, relationnels, intuitifs et pour parler des difficultés qu’ils rencontrent dans la vie. En gros, être un enfant doué, signifie avoir toutes les chances de souffrir particulièrement d’un environnement familial non respectueux, abusif, maltraitant, carencé, voire pire encore. Devenus grands, ces enfants continuent à vivre avec une sensibilité toute particulière les coups de la vie qui sont loin de se réduire à l’âge adulte.
Si Alice Miller s’est essentiellement centrée sur la maltraitance et sur ses conséquences, d’autres personnes ont parlé de parcours de vie comparables, en désignant les personnes concernées de « sur-efficients mentaux » (**), de « hauts-potentiels », etc. Ces deux descriptions ont en commun qu’elles parlent du parcours de vie de personnes particulièrement sensibles et réceptives. Les auteur-e-s de ce deuxième courant constatent également que la vie n’est pas évidente pour ces personnes et que l’acuité de leur conscience fait qu’elles ressentent très fortement les épreuves qu’elles traversent. L’une de ces auteures a d’ailleurs intitulé son ouvrage « Trop intelligent pour être heureux? » (***). Personnellement, j’apprécie tout particulièrement la description de Christel Petitcollin qui me semble quasiment écrite de l’intérieur.
Je me reconnais assez facilement dans ces deux descriptions. Il en existe une troisième, celle « d’enfant indigo », d’origine beaucoup plus ésotérique. D’autres la décriront infiniment mieux que je ne saurais le faire, je m’en abstiendrais donc (votre moteur de recherche préféré vous renseignera très facilement). Comme elle me laissait très mal à l’aise, je suis restée à distance de cette dernière pendant des années.
Ce qui me dérange le plus dans la description des personnes dites « indigo », c’est «l’intentionnalité», i.e. «être venue sur terre délibérément et dans le but de réaliser un parcours particulier», souvent très difficile et douloureux. C’est comme s’il y avait des êtres à la fois intelligent et sensibles qui seraient capables de choisir de venir délibérément au monde dans des environnements gravement maltraitants, abusifs, carencés, de subir des conditions de misère matérielle et affective terrible leur garantissant une vie extrêmement difficile et douloureuse, d’enfant maltraité, puis d’adulte traumatisé et prisonnier de son passé, de femme abusée et battue voire pire encore. Désolée, ca ne passe pas et je récuse la vision du monde selon laquelle « il n’y aurait pas de hasard ». En tout cas moi, je ne me reconnais pas là dedans. En fait, il est absolument clair pour moi que je ne veux pas être là (dans cette existence) et c’est ainsi, point.
Suite à un concours de circonstances, je suis tombée sur un site décrivant quelque chose de plus concret, de plus palpable et surtout de plus acceptable pour moi (****). Ce site décrit les personnes dites indigo à partir de 8 besoins fondamentaux et de 25 caractéristiques principales. En les parcourant, je me suis rendu compte que je me sens correspondre à tous les besoins fondamentaux listés (vivre ma vérité intérieure, être intègre, vivre dans la congruence, servir, vivre libre, aimer, avoir besoin d’harmonie et harmoniser et exprimer ma propre forme de reliance), mais pas toujours de la manière décrite. Mon expérience de «plus grand que moi», par exemple, n’est pas démonstrative. Je ressens cette dimension dans certaines de mes intuitions, dans la Présence silencieuse que je peux percevoir tout au fond de moi, dans des signes très discrets, dans la manière dont je peux prendre soin de mes proches. Tout cela n’a absolument rien de spectaculaire. Il en va de même pour le reste. Je me retrouve également dans au moins 20 des 25 caractéristiques principales listées sur ce site. Je me suis rendue compte que je me retrouve devant une description qui me correspond assez bien.
Se pourrait-il qu’il s’agisse de moi? Se pourrait-il que cette catégorie ait quand même un sens?
Dans un premier temps, je n’étais pas très à l’aise avec cette éventualité. Mon côté « carrée », scientifique, ne s’y retrouve pas. Dans un deuxième temps, en observant ma dynamique de vie concrète, je dois bien admettre que je me retrouve dans une bonne part de la description concrète des personnes indigo que j’ai trouvée sur ce site. Que je sois venue au monde dans le but d’agir dans ce sens ou pas, en pratique j’agis dans le même sens que les personnes qui y sont décrites. Même le faire à ma manière et y mettre mon grain de sel fait partie de la description! Est-ce que le reste ne serait pas qu’une question de rhétorique ou de vision du monde?
Là où cela me semble important au delà de ma personne, c’est que ces trois descriptions indépendantes provenant de personnes et d’époques différentes convergent (sans être identiques, bien sûr). Cela est pour moi le signe que les personnes douées, sur-efficientes, indigo sont plus nombreuses que dans le passé et que leur présence devient visible, au point qu’il existe une petite littérature à leur sujet. Alors que je me suis longtemps sentie seule au monde avec ma différence, je rencontre de plus en plus de personnes dans mon entourage qui se reconnaissent dans au moins un de ces trois termes. C’est pour moi le signe d’un changement.
A l’heure d’internet, des blogs et des réseaux sociaux, les personne au parcours de vie atypique ne sont plus condamnées à rester seules dans leur coin. Il est aujourd’hui possible à chacun-e d’entre nous d’exprimer sa part de « parole sacrée ». Il est aussi possible d’aider à créer un réseau de relations, de connexions, de partages d’expériences qui permettront aux enfants doués de partager leurs expériences de vie. Ce faisant, il sera important d’éviter « d’entrechoquer trop souvent des tubes de nitroglycérine », pour reprendre l’expression de Christel Petitcollin. Il est aussi important d’en faire un partage d’expériences positives de vie qui stimule le chemin de chaque personne plutôt qu’un partage de mal-être qui serait un vrai poison (et ne ferait que reproduire ce que les personnes vivent déjà dans leur quotidien).
Qu’est-ce qui peut en sortir? Je n’en sais humblement rien. Je sais juste que trop d’enfant doué-e-s vivent très difficilement leur vie. Je sais aussi que nombre d’entre eux souffrent, beaucoup, de ne pas pouvoir exprimer cette part d’essentiel qu’ils portent qu’ils ont envie d’offrir au monde. Et j’ai envie d’essayer.
(*) [Miller, 2012] Alice Miller, Le drame de l’enfant doué, PUF, 2012 (pour l’édition actuelle)
(**) [Petitcollin, 2010] Christel Petitcollin, Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant, Guy Trédaniel, 2010
(***) [Siaud-Facchin, 2008] Jeanne Siaud-Facchin, Trop intelligent pour être heureux? L’adulte surdoué, Odile Jacob, 2008
Nous sommes très nombreux à souffrir fortement de ce que nous vivons au travail. En allemagne et en Suisse on parle d’au moins 20% des personnes qui seraient soit sous médicaments soit en dépression et cela ne fait qu’empirer(*).
Ca n’est pas seulement le volume de celui-ci, le rythme effréné auquel il faut produire, les demandes qui arrivent de toutes part et qui sont toutes prioritaires et une hiérarchie que ne nous écoute pas, bien que tout cela y participe fortement. C’est l’absurdité, l’absence de sens, les ordres idiots, le « travail de singe » dont on sait dès le départ qu’on devra le refaire, tout ce avec quoi nous devons composer pour payer nos factures en fin de mois.
J’ai trouvé une assez bonne description de cet enfer au quotidien dans cet ouvrage (**). L’auteur recommande bien sûr de changer de travail pour trouver autre chose, mais la grande question que je me pose et « où est-ce qu’il y a encore un job qui ne soit pas dans une maison de fous? Est-ce que ca existe encore? »
En gros, c’est comme dans les films de Stallone: «Ca va chier!» (*)
J’aimerais beaucoup avoir une recette qui permette aux enfants sensibles de traverser leur existence sans subir des chocs très rudes. Mais je n’en n’ai pas. La vie est tout sauf un long fleuve tranquille et c’est encore plus difficile quand on est ce qu’Alice Miller appelle un «enfant doué»(**), particulièrement perceptif et sensible.
Je souhaite de tout mon cœur que de très nombreux enfants doués aient une vie considérablement plus douce et plus plaisante que ce par quoi j’ai dû passer. Mais, dans mon expérience, cela demande énormément de courage et de ténacité que de tenir face à des familles gravement abusives, un environnement scolaire qui est tout sauf accueillant et un monde professionnel où être sensible et avoir de bonnes antennes est ressenti comme une menace par les autres.
Etre un-e enfant doué c’est presque la garantie de relations sociales difficiles avec un entourage qui n’a pas la même acuité de conscience. C’est aussi quasiment la garantie de ressentir les choses très fortement et de les exprimer tout aussi fortement. Ceci ne peut que heurter ou blesser les personnes qui n’ont pas un ressenti de la même acuité et engendrer encore d’autres conflits.
Il est fort possible que de se sentir avoir un but, un objectif, une mission, une vocation aide aussi les personnes à traverser les moments difficiles qu’elles vivront. Mais ça n’est pas mon cas, et je ne peux pas parler d’une expérience que je n’ai pas eue.
S’entourer d’ami-e-s, de mentor-e-s, de thérapeutes de qualité aide non seulement à vivre, mais à progresser. S’entourer d’art, de musique, pratiquer l’expression créative, trouver les passions qui nous tiennent à coeur est tout aussi important pour équilibrer notre vie et la remplir de belles expériences qui peuvent contrebalancer ce que nous expérimentons de mortifère par ailleurs.
Chercher son chemin de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces et sans jamais lâcher est absolument essentiel. C’est infiniment plus facile à dire qu’à vivre, mais je ne connais aucun substitut pour cet ingrédient.
Quand on est jeune, demain c’est très loin. Avec le temps, les années s’ajoutent au jours, puis les décennies s’ajoutent aux années. Il me faut longtemps pour faire mon chemin, trouver ma place, nouer de belles et durables relations, commencer à trouver une place valable et créative dans la société qui m’entoure. Quand on est jeune, cela peut paraître inaccessible tellement c’est loin. Mais j’ai fait l’expérience que cela peut se produire. Est-ce que cela vaut la peine de lutter? A chacun-e de décider en conscience.
J’ai trouvé quelques remarques très pertinentes dans « Je pense trop » de Christel Petitcollin (***). Ce sont des pistes de base qui peuvent être utiles.
Avec le temps, j’ai pu commencer à goûter et apprécier les bons moments que je vivais. Beaucoup plus récemment, j’ai commencé à ressentir de la reconnaissance au jour le jour pour toutes les bonnes choses que je vis. Cela m’aide à contrebalancer le poids des moments difficiles et à sortir de dynamiques de vie où la lutte et la souffrance ont toute la place.
Je souhaiterais cet article tellement plus long….
(*) Hurlé avec une voix bien rauque
(**) [Miller, 2012] Alice Miller, Le drame de l’enfant doué, PUF, 2012
(***) [Petitcollin, 2010] Christel Petitcollin, Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant, Gui Trédaniel, 2010