Solstice d’hiver

Dawn near stonehenge,Photograph by Mike Peel (www.mikepeel.net), published under creative Commons license
Dawn near stonehenge,Photograph by Mike Peel (www.mikepeel.net), published under creative Commons license

Le solstice d’hiver a eu lieu ce matin 22 décembre à 00H03. Lors de ce dernier, la déclinaison du soleil est à son minimum. La journée durant laquelle se produit cet événement est aussi la plus courte. L’hiver « administratif » est défini comme le temps qui sépare le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps.

Traditionnellement, l’hiver est associé au noir (les nuits sont les plus longues) au froid, au repos, à l’intériorité, à l’attente, au yin, à la réceptivité. C’est peut-être parce que nous avons toujours besoin de cet espace que nous vivons aussi mal la frénésie qui s’empare de nos sociétés de consommation à cette même période.

Je sais que, pour moi, m’arrêter à ce moment de l’année est très important.

Les savoir qui sont liés à la symbolique de cette période de l’année sont oraux et, en Europe continentale au moins, ils ont été soigneusement éradiqués par 2000 ans de christianisme hégémonique.

Mais nous avons toujours la capacité de plonger au tréfonds de nous-même, de nous connecter à notre part de « plus grand que nous », de connexion à l’univers, à la Terre Mère, à celles ou ceux qui nous guident, quels qu’en soient le nom. Ce faisant nous avons la possibilité de reconstruire un nouveau savoir, une nouvelle expérience, qui corresponde aux êtres que nous sommes aujourd’hui, qui intègre notre modernité avec notre part intuitive, liée à une expérience spirituelle que l’humanité vit depuis des millénaires.

L’enjeu, c’est de retrouver une part de sens, de connexion et de plénitude qui nous fait si souvent défaut dans nos vies trépidantes.

Et il n’y a nul besoin de « gourou ». Cette expérience est communautaire et la part qu’apporte chacun-e est précieuse. Il ne s’agit pas de remplacer un carcan par un autre, mais de permettre aux êtres humains qui le souhaitent de retrouver un ancrage intérieur qui leur permette de mener leur vie en référence à leur propre conscience et librement.

 

Habiter son corps …. ou pas

In the Body of the world, a memoir of cancer and connection, Picador Books, 2014
In the Body of the world, a memoir of cancer and connection, Picador Books, 2014

La manière dont nous sommes, ou non, lié-e-s à notre corps, et incarné-e-s revêt une très grande importance pour la manière dont nous vivons nos vies. Comme d’habitude, la variété des parcours est immense.

Il est des personnes pour qui il est particulièrement difficile de se vivre en lien avec leur corps. Je pense en particulier aux personnes ayant été abusées, aux personnes atteintes dans leur chair par des maladies comme le cancer ou défigurées par un accident ou par la guerre, à nombre de personnes trans, et à bien d’autres encore. Pour ces personnes, réaliser une cohabitation à peu près paisible avec leur propre corps peut être le chemin de tout une vie (et demander d’importants travaux de réparation ou d’aménagement). Leur manière d’être au monde, d’aborder la vie et les relations humaines, de percevoir le monde, de s’exprimer etc. en est profondément marquée.

En 2013, Eve Ensler, l’auteure des Monologues du vagin, a publié son propre témoignage. Dans ce livre magnifiquement écrit, elle tisse ensemble les abus qu’elle a subi, les témoignages qu’elle a reçu d’innombrables femmes, le travail qu’elle fait au Congo avec les femmes victimes des atrocités de la guerre, son propre cancer, sa quête de sens (ou d’absence de sens) de sa maladie, la manière dont tout cela résonne en elle alors que tous les pans de sa vie se font écho à l’occasion dans cette épreuve.

Son écriture est très intense, à la hauteur de son immense sensibilité. Elle est tissée d’une manière telle que je ne peux lire que quelques chapitres à la fois, avant de devoir prendre une pause pour digérer. En la lisant, j’entends le coeur et l’âme d’une autre enfant (sur-)douée qui s’exprime avec toute la puissance de sa sensibilité et de sa créativité. Je suis non seulement “sonnée” (par son vécu et la manière dont elle le ressent), mais aussi émerveillée par sa puissance d’expression.

Il me semble que cet ouvrage pourra parler à de nombreuses personnes pour qui habiter son corps ne va pas de soi. Je ne peux aussi que vous encourager à lire le texte originel pour pouvoir goûter toute la saveur de l’écriture d’Eve Ensler. Mais il existe une édition française pour les personnes pour qui cela ne serait vraiment pas possible (chez 10/18).