
Ca n’est pas exactement une lecture de vacances, mais c’est pourtant en vacances, sous deux cocotiers et face à au magnifique récif de corail de l’île fihaalhohi des Maldives que j’ai lu ce livre.
Ce livre n’a rien d’un « best seller » léger et facile à lire, qu’on emporte souvent pour les vacances. Sans être un ouvrage académique, c’est clairement un ouvrage de vulgarisation scientifique, et d’un excellent niveau.
Ce livre demande à être digéré. On ne peut pas, en tout cas, je ne peux pas le lire de bout en bout sans m’arrêter. Il faut le lire bout par bout, et prendre le temps d’intégrer avant de pouvoir continuer.
C’est un livre de science. l’auteur décrit les plantes en soulignant, sujet par sujet, les différences qu’il y a entre les plantes et les animaux. Le lire à, pour moi, été fascinant et une très belle découverte. J’ai découvert en quoi les plantes sont si différentes de nous, et tout ce que j’avais appris en biologie en a été bouleversé. Quel plaisir!
C’est aussi un livre pleinement humain. Françis Hallé est une personne qui parle de science mais qui inclut son humanité dans ses écrits. Il parle de ses affects, de la beauté des plantes, du plaisir que les parfums suscitent, de son émerveillement, etc. A mes yeux, c’est l’ouvrage d’un scientifique qui se rapproche de ce que Carl Rogers voulait dire par une « personne fonctionnant pleinement » (*)
En nous faisant découvrir l’altérité et l’originalité des plantes, Françis Hallé fait aussi passer le message que les plantes et les forêts sont également des êtres très précieux qui méritent d’être prises en compte, respectées, protégées et pas juste traitées comme du matériau de base. Et cela est pour moi extrêmement précieux.
Pour finir, que les plantes soient elles aussi dignes de respect a plusieurs implications éthiques. Cela concerne notre utilisation de ces dernières. Il y a des aspects plus ou moins évidents, comme le caractère scandaleux et les impacts catastrophiques du massacre des forêts (et de la réduction de ces dernières à une plantation d’arbres jugés utiles). Plus indirectement, cela concerne aussi notre alimentation. Si les plantes méritent elles aussi le respect, qu’est-ce qu’il est éthique pour nous de manger?
(*) Carl Rogers, On becoming a person, Houghton Miffin, 1961, 1989, 1995
chapter 6: A therapist view of the good life: the fully functionning person
Eloge de la plante, une belle présentation des thèmes de l’ouvrage: https://www.youtube.com/watch?v=CYsf4SDpg6o