Comment être signe d’espoir?

Phare du Petit Minou avant une tempête
Phare du Petit Minou avant une tempête

 

Quand je regarde autour de moi, je vois un monde en crise profonde. Nombre de symboles et d’institutions qui semblaient indestructibles s’effondrent. Ce en quoi les gens autour de moi ont cru pendant des décennies ne tient plus la route. Par certains aspects, la société est de plus en plus dure et fermée et l’extrême droite a retrouvé un poids digne des pires années du 20ème siècle. En 2012 le stress professionnel grave est devenu une plaie endémique dont souffre près d’un tiers de la population(*).

En Suisse, le chômage a été maintenu à un taux artificiellement bas grâce aux «pré-retraites» et à l’assurance invalidité. Mais, en plus d’être souvent très mal vécu par les personnes mises à l’écart, le poids financier de cet artifice devient trop lourd. En même temps, le modus vivendi dans les médias est le déni. Nous ne vivrions aucune crise et nous devrions être très heureux de notre sort! Pour nos difficultés? Surtout pas de réflexion! Pas de remise en cause! Pas de changement! Toujours plus des mêmes bonnes vieilles recettes! Toujours plus vite! En fait, c’est droit dans le mur que nous allons toujours plus vite!

Comment être signe d’espoir dans ce monde où chaque être humain est replié sur ses propres problèmes, persuadés qu’ils sont uniques, et préoccupé uniquement de sa propre survie à plus ou moins court terme? Comment une personne peut être signe d’espoir quand elle souffre tout autant que les autres, sinon plus, de cette situation? Mais si nous ne le sommes pas, qui le sera?

Alors, j’essaie d’apporter ma propre petite pierre. Mon parcours de vie témoigne de ce qu’il est possible de sortir grandie d’un parcours de vie extrêmement difficile. Il témoigne aussi du fait qu’un enfant particulièrement sensible, perceptif et doué peut survivre et grandir malgré tout dans une société fort peu accueillante. Il témoigne de quelques outils qui sont tout sauf des panacées, mais qui peuvent aider d’autres. Je crois que j’ai aussi assez d’espace en moi pour accueillir quelques autres et les accompagner sur leur propre route dans la vie (et je me suis formée pour).

Il n’y a rien là de spectaculaire ou d’universel. C’est juste une pierre parmi des millions d’autres, mais c’est la mienne.

(*) Selon une étude du secrétariat d’Etat à l’économie, publiée par le journal 24Heures : http://www.24heures.ch/vivre/societe/Le-stress-au-travail-coute-10-milliards-de-francs-par-an/story/13878117

Questions existentielles et spirituelles

Agathla Peak, Monument Valley
Agathla Peak, Monument Valley

 

La dimension de «plus grand que soi» de chaque personne lui est propre et très intime. Il me semble cependant qu’un point qui peut réunir la grande majorité des enfants doués est qu’ils sont dans l’impossibilité de se satisfaire de vérités imposées de l’extérieur et qu’il-elle-s recherchent en eux-mêmes leurs propres réponses aussi singulières soient elles.

Il est possible que certaines de mes propres réponses puissent être pertinentes pour d’autres. C’est pourquoi je les propose ici, ne serait-ce que pour qu’elles aident d’autres à trouver les leurs.

Il existe dans la nature une forme d’indétermination liée aux lois qui la gouvernent (*). Ces lois nous influencent aussi, en ce sens que je ne crois pas qu’il y ait une intention ou une finalité derrière le fait qu’un être naisse handicapé, dans une famille maltraitante ou avec quelque autre particularité. Les lois de la nature ne sont ni déterministes ni essentialistes. Ce sont nos visions de cette dernière qui le sont.

Je ne crois pas à la prédestination et je suis intimement convaincue que, malgré tous les déterminismes qui influent sur nous, nous avons une part de liberté de choix. De l’interaction de nos libertés individuelles naît nécessairement une part de hasard (d’indétermination) dans nos vies. Nous ne sommes pas sur des rails et les autres ont une existence propre, ils ne sont pas là que pour jouer un rôle ou un autre dans nos vies.

Face à certaines formes de la condition humaine, il est tout simplement naturel et légitime d’être révolté-e et en colère contre la vie. Il y a des sorts qui sont totalement insupportables et il est entièrement légitime et honorable que des personnes mettent toute leur énergie à les corriger.

A mes yeux, les formes de spiritualité patriarcales traditionnelles, encore très largement majoritaires sur cette planète, sont en train de montrer leurs limites. Profondément non respectueuses et toxiques, elles sont dans l’incapacité de répondre aux quêtes de sens de personnes qui ne se laissent plus mettre en esclavage pour servir des pouvoirs religieux qu’elles ne reconnaissent plus comme légitime. Ce mouvement est très lent, plus visible en occident qu’ailleurs, mais présent partout.

Les êtres humains sont en train de se chercher. Mais, quelles que soient les formes de nouvelles expériences spirituelles, pour être vivantes, fécondes et durables, elles se doivent d’accompagner les personnes dans la découverte et le déploiement de leur propre part de «plus grand qu’elles» plutôt que de vouloir leur imposer un paquet de l’extérieur. Elles se doivent aussi de respecter et d’inclure les formes d’expérience spirituelles féminines(**), de même que celles de toutes les personnes qui sont «atypiques» à un titre ou à un autre. Plutôt que d’isoler les personnes et de les rendre dépendantes d’une puissance à laquelle elles devraient tout (***), elles se doivent de les aider à se relier à la nature, aux autres êtres vivants, à leurs proches et à tout ce qui peut les guider dans leur parcours. Elles se doivent de respecter et de valoriser pleinement l’autonomie des personnes, y compris par rapport à leur part «institutionnelle». Il y a encore beaucoup de chemin à faire!

(*)En gros, ce qu’on appelle les mathématiques du chaos

(**) Voir, par exemple:

[Bolen, 2002] Jean Shinoda Bolen, Goddesses in Older Women: Archetypes in Women over Fifty, Harper Perennial, 2002

[Bolen, 2004] Jean Shinoda Bolen, Goddesses in Everywoman: Powerful Archetypes in Women’s Lives, Conari Press, 2004

[Gange, 2002] Françoise Gange, Les Dieux menteurs, Renaissance du livre, 2002

[Gange, 2006] Françoise Gange, Avant les Dieux, la Mère universelle, Editions Alphée, 2006

[Gange, 2007] Françoise Gange, Le viol d’Europe ou le féminin bafoué, Editions Alphéé, 2007

[Gimbuntas, 2005] Marija Gimbuntas, Le langage de la déesse, Editions des femmes, 2005

[Redmond, 1997] Layne Redmond, When the Drummers Were Women: A Spiritual History of Rhythm,
Three Rivers Press, 1997

[Schaefer, 2006] Carol Sachefer, Grandmothers Counsel the World: Women Elders Offer Their Vision for Our Planet, Trumpeter, 2006 (traduit chez Véga en 2012)

[Tedlock, 2005] Barbara Tedlock, The Woman in the Shaman’s Body: Reclaiming the Feminine in Religion and Medicine, Bantam, 2005

(***) Représenté par un dieu à la Zeus, derrière lequel se cache une institution patriarcale

Comment survivre dans un monde de brutes quand on est un-e enfant très sensible?

640px-Robert_Salmon_-_Storm_at_sea En gros, c’est comme dans les films de Stallone: «Ca va chier!» (*)

J’aimerais beaucoup avoir une recette qui permette aux enfants sensibles de traverser leur existence sans subir des chocs très rudes. Mais je n’en n’ai pas. La vie est tout sauf un long fleuve tranquille et c’est encore plus difficile quand on est ce qu’Alice Miller appelle un «enfant doué»(**), particulièrement perceptif et sensible.

Je souhaite de tout mon cœur que de très nombreux enfants doués aient une vie considérablement plus douce et plus plaisante que ce par quoi j’ai dû passer. Mais, dans mon expérience, cela demande énormément de courage et de ténacité que de tenir face à des familles gravement abusives, un environnement scolaire qui est tout sauf accueillant et un monde professionnel où être sensible et avoir de bonnes antennes est ressenti comme une menace par les autres.

Etre un-e enfant doué c’est presque la garantie de relations sociales difficiles avec un entourage qui n’a pas la même acuité de conscience. C’est aussi quasiment la garantie de ressentir les choses très fortement et de les exprimer tout aussi fortement. Ceci ne peut que heurter ou blesser les personnes qui n’ont pas un ressenti de la même acuité et engendrer encore d’autres conflits.

Il est fort possible que de se sentir avoir un but, un objectif, une mission, une vocation aide aussi les personnes à traverser les moments difficiles qu’elles vivront. Mais ça n’est pas mon cas, et je ne peux pas parler d’une expérience que je n’ai pas eue.

S’entourer d’ami-e-s, de mentor-e-s, de thérapeutes de qualité aide non seulement à vivre, mais à progresser. S’entourer d’art, de musique, pratiquer l’expression créative, trouver les passions qui nous tiennent à coeur est tout aussi important pour équilibrer notre vie et la remplir de belles expériences qui peuvent contrebalancer ce que nous expérimentons de mortifère par ailleurs.

Chercher son chemin de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces et sans jamais lâcher est absolument essentiel. C’est infiniment plus facile à dire qu’à vivre, mais je ne connais aucun substitut pour cet ingrédient.

Quand on est jeune, demain c’est très loin. Avec le temps, les années s’ajoutent au jours, puis les décennies s’ajoutent aux années. Il me faut longtemps pour faire mon chemin, trouver ma place, nouer de belles et durables relations, commencer à trouver une place valable et créative dans la société qui m’entoure. Quand on est jeune, cela peut paraître inaccessible tellement c’est loin. Mais j’ai fait l’expérience que cela peut se produire. Est-ce que cela vaut la peine de lutter? A chacun-e de décider en conscience.

J’ai trouvé quelques remarques très pertinentes dans « Je pense trop » de Christel Petitcollin (***). Ce sont des pistes de base qui peuvent être utiles.

Avec le temps, j’ai pu commencer à goûter et apprécier les bons moments que je vivais. Beaucoup plus récemment, j’ai commencé à ressentir de la reconnaissance au jour le jour pour toutes les bonnes choses que je vis. Cela m’aide à contrebalancer le poids des moments difficiles et à sortir de dynamiques de vie où la lutte et la souffrance ont toute la place.

Je souhaiterais cet article tellement plus long….

(*) Hurlé avec une voix bien rauque

(**) [Miller, 2012] Alice Miller, Le drame de l’enfant doué, PUF, 2012

(***) [Petitcollin, 2010] Christel Petitcollin, Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant, Gui Trédaniel, 2010

Bienvenue sur le blog « Dans le labyrinthe de la vie »

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Bienvenue dans ce petit blog qui pourra je l’espère, parler à certain-e-s d’entre vous.

Nous sommes de plus en plus nombreux-ses à chercher notre chemin dans un parcours de vie qui est rocailleux, pas toujours serein et dans lequel nous peinons à trouver une issue satisfaisante. Nous sommes aussi de plus en plus nombreux-ses à souffrir d’une société que nous percevons comme devenue folle tant elle va vite, tant le monde professionnel nous semble inhumain et irrespectueux des personnes. Nous sommes aussi de plus en plus nombreux-ses à ressentir que cette société court à sa perte, tant elle s’enfonce dans le « toujours plus », « toujours plus vite », « toujours à plus court terme », sans prendre en compte les conséquences humaines, sociétaires et environnementales de ses actions.  Et cela nous est insupportable.

Il existe de nombreux sites sur l’écologie, l’aménagement durable de la société, la permaculture, des modes de vie moins consommateurs, la souffrance au travail qui devient insupportable pour un nombre croissant de personnes, la défense des droits humains des personnes LGBT (*), la défense des droits des femmes, celle des personnes intersexuées, les expériences spirituelles et les questions existentielles des personnes d’aujourd’hui, etc. Nombre de ces blogs sont tenus par des personnes fort bien informées et intentionnées et leur rayonnement est mérité.

A mes yeux, ces différentes luttes, menées par des personnes très différentes au parcours de vie et aux croyances souvent très différentes, sont des facettes multiples de l’évolution indispensable des sociétés humaines, qui nous permette d’aboutir à une relation plus respectueuse de la nature (qui nous entoure et dont nous faisons partie), à une société plus humaine et plus respectueuse de chaque personne et aussi à un nouveau «vivre ensemble» qui équilibre les désirs individuels et le soin du groupe, les besoins immédiats et les besoins à long terme de l’humanité et de la nature.

De nombreuses personnes s’engagent dans l’action politique, associative, institutionnelle pour changer nos sociétés et cela est essentiel.

Pour ma part, il me semble que la conversion des coeurs est encore plus essentielle et qu’elle est un préalable indispensable à rendre cette action utile. Une personne qui, par exemple, se sent en lien avec une forêt proche de son domicile ou de son lieu de travail, qui se sent partie de cette dernière et en échange avec elle pourra avoir une relation et des actes touts autres qu’une personne qui la voit juste comme une chose désincarnée, sans aucun lien affectif et relationnel avec elle.

Par ce petit blog, j’essaie d’exprimer ce que je perçois de la dimension existentielle voire spirituelle de ces questions, dimension qui me tient particulièrement à coeur. Je le fais pour moi-même et aussi dans l’espoir que cela puisse parler à d’autres, les stimuler dans leur propre parcours de vie, les aider à trouver leurs propres réponses et à tracer leur propre chemin dans ce monde.

(*) Lesbiennes, Gaies, Bisexuelles et trans