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Deux exemples de NDE / EMI infernales

La très grande majorité des NDE / EMI attirent irrésistiblement les personnes qui les vivent. Elles les ressentent comme « fascinantes », « exaltantes », « irrésistibles ».  Nombre de personnes rapportent s’être senties « enfin de retour à la maison ». Elles ont de ce fait beaucoup de difficultés à retrouver leur corps et leur vie quotidienne et cela leur prend parfois plus de 10 ans pour s’y réadapter.

Il existe toutefois une petite proportion de cas dans lesquels les personnes rapportent avoir vécu une expérience proprement « infernale » et elles en ressortent souvent durablement traumatisées.

La recherche à ce sujet est moindre. On estime que la proportion de personnes concernée se situerait entre 11 et 22%. Les personnes ayant vécu de telles expériences ont beaucoup de difficultés à en parler et elles se cachent encore plus que celles qui ont vécu une expérience positive. Il y a, de ce fait, une incertitude notable dans l’estimation de la proportion des personnes concernées et dans la description de leur vécu.

Bruce Greyson et Nancy Evans Bush font partie des rares personnes qui ont étudié le sujet et qui ont produit des publications sur cette thématique.

Ces deux auteurs rapportent que:

  • Certaines personnes sont terrifiées par des expériences que d’autres ressentent comme paradisiaques
  • D’autres personnes se retrouvent dans un grand vide qu’elles ressentent et décrivent comme dénué de tout sens. Et cette expérience finit par devenir insupportable
  • Un petit nombre de personnes rapportent une expérience qui ressemble de très près à l’enfer qui leur a été décrit durant leur enfance.

La manière de réagir à cette expérience est très diverse et varie de personne en personne. Mais leur intégration ne va pas de soi et demande un travail important.

Deux témoignages viennent d’être publié. Ils sont d’autant plus importants qu’ils sont rares et difficiles à trouver.

M.K. “Kathy” McDaniel indique qu’elle en est venue à la conclusion qu’elle avait besoin de cette expérience pour progresser dans sa vie. Et elle en retire quelque chose de très positif.

Gherard Schug a une vision plus noire de la sienne, qu’il ressent plus comme une sanction liée à sa tentative de suicide, elle-même liée à des problèmes de santé très graves qui l’entravent depuis des décennies.

Mais il est vrai que sa propre histoire a pris un tour très imprévu après cette première expérience, ce qui a donné lieu à un deuxième témoignage dans lequel il relate une guérison partielle mais essentielle de ses problèmes de santé.

Ces deux témoignages décrivent le parcours très personnel de deux personnes ayant vécu de telles expériences. Ils ne décrivent pas une généralité qui n’existe pas. Mais ils permettent d’entendre deux personnes, deux expériences et de se faire une petite idée de ce que cela représente que de vivre une telle expérience.

Savoir comment nous pouvons intégrer de telles expériences qui semblent entrer en contradiction flagrante avec la grande majorité des NDE n’est pas évident. Cela pose de nombreuses questions, celles ayant trait à l’éthique ne sont pas les moindres.

Les personnes qui souhaiteraient approfondir leur étude de ces situations peuvent consulter les ressources ci-dessous.

Bruce Greyson, The darker side of Near Death experiences

Les publications de Nancy Evans Bush, à partir du site de IANDS

Ce que chaque âme sait

Les films au sujet des expériences qui transforment les personnes sur le plan spirituel (ou « STE – Spiritually transformative expériences » en anglais) ne sont pas fréquents. Dans le monde anglo-saxon, il y a cependant quelques producteurs indépendants qui ont suffisamment de moyens pour produire des films auto-financés. Crées par des personnes d’une grande sensibilité, ces films sont souvent très beaux et fort intéressants. Les moyens limités dont leurs auteurs disposent ont cependant pour conséquence qu’il leur faut plus de temps pour produire ces films. La plupart du temps, ils ne sont pas doublés et doivent être vus en anglais.

L’un d’entre eux s’appelle Peter Alessandria. Il est en train de produire un film qui aura pour titre « what every soul knows » (« ce que chaque âme sait »). Dans ce dernier, il a tenté d’apporter des réponses à de nombreuses questions existentielles, en interviewant une cinquantaine de personnes.

On trouve une présentation des questions qu’il aborde dans cette brève vidéo:

What every soul knows

Ce film sera finalisé au début de l’année 2025. Mais il est toutefois déjà possible d’en voir des éléments importants.

La youtubeuse Heater Tesch a présenté ce travail dans deux vidéos:

Première partie de l’interview de Peter Alessandria
Deuxième partie de l’interview de Peter Alessandria

Ces deux vidéos présentent des extraits de ce film, qui permettent de s’en faire une idée et de voir s’il peut nous correspondre ou pas, au moins pour certaines des réponses qu’il essaie d’apporter.

L’auteur a déjà créé une page web pour présenter son film. Cette page web contient des extraits du film qui présentent les questions que l’auteur aborde. Encore plus intéressant, cette page web contient l’intégralité des 50 interview qu’il a réalisé pour faire son film, et ces interviews sont (en tout cas actuellement) accessibles librement.

Bien sûr que si ce genre de film était doublé, il pourrait toucher un public encore plus large en dehors du monde anglo-saxon. Mais ils ont au moins le mérite d’exister, d’avoir un contenu de qualité et de constituer une première tentative de faire passer le message à un public encore plus large, qui n’a entendu parler ni de NDE ni de toute autre forme d’expérience transformatrice sur le plan spirituel.

Comprendre les NDE chez les enfants : les insights de PMH Atwater

Récemment, la chaîne Thanatos TV EN a remis en avant son interview de la chercheuse PMH Atwater au sujet des NDE chez les enfants. Cet interview a trois ans, et il n’a pas perdu son actualité. PMH Atwater étant l’une des rares personnes ayant activement effectué des recherches et des interview sur ce sujet. Dans cet interview elle synthétise les résultats de des recherches de manière très intéressante.

On trouve d’autres interviews d’elle sur ce sujet. Elle a fait une présentation à ce sujet lors d’une des conférences annuelles de IANDS.

Et une autre présentation à la conférence de IANDS de 2023.

Elle a aussi publié plusieurs ouvrages à ce sujet, dont celui-ci.

PMH Atwater a la particularité d’être une chercheuse indépendante qui a la particularité de s’intéresser d’abord à ce que c’est que de vivre avec une NDE.

Ce qu’elle met en lumière est particulièrement intéressant. Elle constate que les personnes qui ont vécu une NDE à un très jeune âge ont encore plus de difficultés à les intégrer que les personnes qui les vivent en tant qu’adultes- Ces derniers mettent entre 8 et 15 ans à digérer leurs expériences, les enfants qui ont eu une, mettent parfois plus de 40 ans.

Un des éléments qui leur rend la vie plus difficile est que n’ayant pas de point de comparaison avec une vie d’avant qu’ils n’ont pas vraiment eu, ils ont encore plus de difficultés à intégrer leur propre expérience (dans un environnement pour lequel cette expérience ne va absolument pas de soi) et à « manoeuvrer » avec leurs proches pour leur permettre de s’adapter à leur propre changement.

Un certain nombre de ces enfants ressortent exceptionnellement doués de leur expérience. Ceci peut les aider à exprimer une créativité à la hauteur des dons qu’ils ont acquis. Mais ceci peut aussi les rendre plus difficile à accepter et à accueillir par un entourage qui n’a pas fait leur chemin. Dans certains cas, le don peut, de ce fait, devenir une entrave, en tout cas le temps qu’ils puissent voler de leurs propres ailes. Entretemps, ils se débrouillent comme ils peuvent. PMH Atwater mentionne des taux très élevés de dépendance à différentes substances (alcool ou drogues).

Plus les enfants sont jeunes quand ils ont leur NDE, plus les effets sont profonds et plus leur expérience est différente de celle des adultes, en raison du fait qu’ils n’ont pas eu de passé. Pour PMH, il y a un seuil à environ 5 ans, à partir duquel les effets d’une NDE sont plus « classique ».

N’ayant que très peu des expériences, des enfants aussi jeunes n’ont pas de *revue de vie » lors de leur NDE. En revanche, ils en ressortent souvent avec la capacité de quitter leur corps et d’aller voir où leurs proches sont, quand ils ne sont pas auprès d’eux.

Certaines des expériences des enfants qui ont des NDE sont vraiment particulières et font qu’ils ont un parcours de vie profondément différent de celui des autres enfants.

Cela peut être très intéressant pour tout un chacun de comprendre ce que c’est que d’être un enfant qui a eu une telle expérience et en quoi est-ce que sa vie en est affectée. Pour les parents de ces enfants, et pour les enfants eux-mêmes, cela est encore plus important.

Les NDE chez les enfants : Enjeux et découvertes

La Essentia Foundation, basée en Hollande a pour vocation de « communiquer de la manière la plus précise et accessible possible les éléments de preuves scientifiques les plus récents qui contribuent à confirmer que la vision purement matérialiste du monde et de la vie est fondamentalement fausse ».

Elle a récemment publié un interview de la chercheuse Donna Maria Thomas de l’University of Central Lancashire au sujet de ses travaux avec les enfants ayant vécu des NDE.

Cet interview fait suite à la publication d’un ouvrage de synthèse de ses recherches intitulé « Children’s Unexplained Experiences in a Post Materialist World – What Children Can Teach Us about the Mystery of Being Human » chez l’éditeur Collective Ink Books,

L’interview de Donna Maria Thomas:

Interview par la Essentia Foundation

Dans cet interview, Donna Maria Thomas indique qu’elle a elle-même vécu dans son enfance et son adolescence des expériences très proches d’une NDE, à l’instar de nombreux autres chercheur-euse-s dans le domaine.

Un autre point fondamental de ses travaux est qu’elle a réalisé des recherches avec les enfants, qui étaient des partenaires de plein droits, plutôt que sur les enfants et leur NDE.

On notera au passage qu’elle vit dans un milieu et à une époque dans laquelle il est possible de travailler sur un tel sujet avec des enfants, D’autres chercheur-euse-s qui l’ont précédée ont souvent été confronté-e-s au fait qu’il leur fallait travailler avec des adultes qui pouvaient enfin parler des expériences de leur enfance et qu’ils avaient du garder pour eux pendant des décennies tant le sujet était tabou. Pouvoir travailler directement avec des enfants est, de ce fait, un immense progrès!

A l’instar d’autres auteurs, elle rapporte que les expériences de NDE des enfants sont proches de celles des adultes. Elles sont toutefois souvent plus simples. Les enfants ont moins d’opportunités de vivre une « revue de vie », par exemple.

Elle rapporte aussi des expériences très riches de la part des enfants qui ont participé à ses études. Il semble que ces derniers soient moins poussés à ignorer des capacités qui sortent de l’ordinaire des adultes et que ces derniers tendent à réprimer.

La suite de l’interview est centrée sur la signification des résultats de ces recherches pour la conscience. Comme pour les adultes, les enfants ont de nombreuses expériences qui ne peuvent pas être expliquées par une vision purement matérialiste dans laquelle notre conscience serait uniquement la résultante de la chimie de notre cerveau.

Une des choses qui manque peut-être dans ces travaux est l’étude de comment les enfants intègrent leurs expériences, comment ces expériences les transforment et ce qu’ils en font au cours de leur vie. Mais d’autres auteurs, dont PMH Atwater, ont traité ce sujet.

Pas avec la ceinture ca va se voir!

Le 10 août 2024, la RTS publie un article sur la maltraitance dans les milieux évangéliques en Suisse, Cet article nous ramène à ce que la psychothérapeute Alice Miller avait décrit d la maltraitance systématique et organisée dans nos sociétés ((1), (2)) il y a plusieurs décennies de cela.

Alors même qu’Alice Miller a écrit il y a déjà longtemps, l’article de la RTS ramène exactement aux mêmes mécanismes, en l’occurence le déni total de l’enfant de ses droits les plus élémentaires, de ses besoins psycho-affectifs, de sa souffrance, l’usage de la force la plus brutale afin d’obtenir une soumission aveugle de la part de ce dernier et l’affirmation selon laquelle ce serait, en plus, « pour son bien ». Il est également question d’institution religieuses qui instruisent les parents à battre leurs enfants au nom d’un « dieu » pour obtenir cette soumission. C’est très exactement ce que Alice Miller avait documenté sur les manuels d’éducation d’une certaine époque. Et il est question, bien sûr, des mêmes conséquences sur la psyché et la vie des enfants victimes de ces traitements.

Non seulement ces maltraitance sont extrêmement graves, mais elles sont une cause classique de NDE. Les parents étant les tortionnaires, il n’est que rarement possible de faire confirmer médicalement la mort clinique de l’enfant durant cette expérience. Mais le vécu et ce que rapportent les enfants, des décennies plus tard, est du même ordre que ce que rapportent les personnes qui ont vécu des NDE induites par d’autres causes, comme un accident.

Ce que ces NDE ont de spécifique, c’est que les personnes qui les vivent rapportent que, durant ces dernières, elles reçoivent un soutien qui leur permet de ne pas craquer physiquement et psychologiquement alors même que les conditions qu’elles subissent sont horribles. La vidéo ci-dessous en est un exemple.

Interview par Werner Huemer de la chaîne Thanatos TV EN

Les enfants tout aussi gravement maltraités et qui ne vivent pas de NDE voient leur vie gravement impactée, et à long terme. Il n’est pas rare de les voir développer un trouble de la personnalité borderline, ou d’autres troubles graves de la santé mentale, voire font des décompensations psychotiques. Les victimes de maltraitantes aussi graves vont mettre des décennies à rétablir un semblant d’équilibre psychique et toutes n’y arrivent pas.

Les personnes qui passent par de telles épreuves sont inévitablement confrontées à la question du sens de ces dernières et de celui de leur vie qui en est très significativement impactée.

Au-delà du fait que chaque personne a ses convictions, les points ci-dessous sont des éléments de base qui ne doivent pas être oubliés.

  • Les adultes qui commettent ces actes sont capables de discernement, ils bénéficient du libre arbitre et ils sont pleinement responsables de leurs actes, y compris pénalement. Ce ne sont pas des marionnettes.
  • Le respect le plus élémentaire des personnes veut qu’il soit indispensable de reconnaître pleinement la souffrance et l’oppression des personnes victimes de tels actes.
  • Le fait de reconnaître clairement, parfois légalement, le statut de victime des personnes qui subissent de telles maltraitance est souvent essentiel pour les aider à prendre les mesures qui leur permettent de reconstruire leur vie
  • Il est véritablement essentiel de ne pas tomber dans ce que d’aucuns appellent le « spiritual bypassing » ((1), (2), (3)), à savoir le déni de l’autre, de son ressenti et de sa souffrance sous des prétextes « spirituels ». Ceci n’est qu’une forme de maltraitance de plus!

ADC / VSCD : On peut en parler, mais ç’est mieux vu quand on en parle en anglais!

Psychiatre d’origine bernoise, Evelyn Elsaesser est l’une des chercheuses de longue date dans le domaine de la conscience et des NDE. Basée en Suisse, elle est active depuis plus de 30 ans dans les études concernant les NDE et la conscience. C’est une chercheuse indépendante, qui collabore avec des universités britanniques pour ses travaux de recherche. La liste des publications académiques auxquelles elle a participé est accessible au travers de sites comme Google Scholar ou Research Gate.

Après avoir travaillé sur les NDE / EMI elle a orienté ses recherches sur les contacts avec les défunts. Ce sujet fait l’objet de recherche académique depuis des décennies. Mais la manière de le nommer montre bien qu’il n’est pas considéré de la même manière par les chercheurs anglo-saxons que par le monde académique francophone. En anglais, le langage est direct et il est question de « after death communication ». En français, il est question de « Vécu subjectif de contact avec les défunts ». En d’autres termes, le français induit une distance et un jugement de valeur qui n’existe pas du tout en anglais, et sans lequel il serait totalement impossible d’aborder de tels sujets dans le monde académique francophone.

Les communications spontanées avec les défunts sont un phénomène assez fréquent pour qu’une importante partie de la population ait l’occasion d’en vivre au moins une au cours de son existence (entre un et deux tiers de la population suivant les sources (1), (2), (3)). Elles ont le potentiel de fortement faciliter le processus de deuil des personnes qui les vivent, qui sont rassurées par ces contacts. Elles permettent souvent de faciliter la résolution de situations restées problématiques du vivant de la personne décédée.

Dans son dernier travail de recherche, effectué en collaboration avec l’université de Southampton, elle recueilli plus d’un millier de cas de contact avec des défunts. Avec son équipe, elle en a analysé les effets sur les personnes qui les ont vécus.

Comme dans les autres recherches sur ce sujet, elle a pu documenter un impact très positif de ces contacts sur les personnes qui en ont bénéficié. Ceux-ci facilitent le processus de deuil, en particulier en cas de mort soudaine et violente (dans lesquels il n’a pas été possible de dire « au revoir » au défunt). Ils contribuent aussi à transformer les perspectives de ces mêmes personnes. Les réconciliations qu’il peut y avoir au-delà de la mort peuvent avoir un effet profondément apaisant sur des situations lourdes et irrésolues (pensez par exemple, au cas de parents abuseurs qui s’excusent de leur actes auprès de leurs enfants). Les questions sur la mort des trouvent également une réponse qui contribue à apaiser et à faciliter la vie de « receveurs » (terme utilisé par Evelyn Elsaesser) de ces expériences.

Elle prend soin de ne pas prendre position sur la question tout à fait essentielle « ces expériences sont-elles réelles ou non?« . Elle se contente de les décrire et de décrire leur impact sur les personnes qui les vivent. Sur cette base, à chacun de se forger sa propre opinion.

L’ouvrage qui vulgarise les résultats de cette recherche a l’avantage d’être rédigé en français et il peut être très utile pour des personnes qui s’intéressent à cette thématique sans encore en être familières de cette dernière.

L’ouvrage de vulgarisation d’Evelyn Elsaesser

Interview d’Evelyn Elsaesser par la RTS dans le cadre de la série « la médecine et l’invisible » (05.07.2023).

Autre interview d’Evelyn Elsaesser par la RTS dans le cadre de l’émission « ego système » (16.03.2024)

Interview d’Evelyn Elsaesser par l’animateur de la chaîne YouTube « Lueur »
Traduction en anglais de l’interview d’Evely Elsaesser par Werner Huemer, journaliste et éditeur de la chaîne YouTube Thanatos TV

Des leçons de vie particulièrement précieuses

Les personnes qui vivent une NDE font une expérience si marquante qu’elle bouleverse la suite de leur existence. Elles le racontent individuellement et les synthèses d’expérience qui se basent sur le parcours de nombreuses personnes (comme celle de P.M.H. Atwater) témoignent de l’importance de ce phénomène.

Nancy Rynes ne fait pas exception, comme en témoigne la présentation qu’elle a donné lors de la conférence de IANDS en 2016 dans laquelle elle fait part de la NDE qu’elle a vécu en 2014 et des conséquences qu’elle a eu sur sa vie.

Elle ne fait pas non plus exception en ayant publié un récit de son expérience, comme de nombreuses autres personnes ayant vécu des NDE. Et elle aussi rapporte que les êtres qu’elle a rencontré durant son expérience ont souhaité qu’elle partage cette dernière.

Ce qu’il y a de particulier dans son expérience, c’est que durant sa NDE Elle a rencontré des êtres qui l’ont confrontée et lui ont fait constater qu’elle ne vivait pas la vie la vie la plus pleine et la plus juste possible. Ils lui ont proposé douze principes qui lui permettraient de vivre une vie beaucoup plus accomplie et lui ont suggéré de les partager avec toute personne qui pourrait les entendre.

Ces douze principes ne sont pas des idées (ou des sujets à aborder de manière avant tout cognitive) mais bien des principes expérientiels à vivre et à ressentir de manière incarnée. Les mots viennent ensuite. Ceci est d’autant plus important qu’ils sont considérablement plus riches et profond que ce qu’une lecture purement cognitive peut laisser croire.

Dans son livre, chacun d’entre eux fait l’objet d’un chapitre spécifique. Les voici résumés, sur la base de leurs titres et de la petite introduction qui les suit dans son texte.

Aimer et exprimer notre compassion

« Nous ne sommes pas sur Terre uniquement pour apprendre, mais pour aimer. Nous sommes sur Terre pour aimer tout et tout le monde. Nous sommes censés trouver et éprouver de la joie en ressentant et en exprimant notre amour aux autres. C’est au travers de ces actes d’amour et de compassion que nous nous rapprochons de notre centre spirituel et de la Source. »

Nous sommes un miracle, traitons-nous en conséquence

« Nous sommes un miracle, traitons-nous en tant que tel dans tout ce que nous faisons, disons et pensons. Nous avons reçu le don magnifique de la vie, notre corps et notre esprit. Profitons de ces cadeaux avec joie ».

La Terre est un miracle, traitons-la en conséquence

« Le monde est un miracle que nous pouvons honorer avec chacune de nos pensées, de nos mots et de nos actions ».

Nous sommes créatifs et puissants

« Chacun de nous est considérablement plus créatif et puissant que ce qu’il peut imaginer! Nous avons une capacité quasiment infinie d’aimer de créer, de vivre en harmonie et de vivre une vie inspirée par notre spiritualité ».

Nous sommes tous connectés

« Chacun de nous, nous tous ensemble et toute la création nous sommes connectés à la Source et tous ensemble au travers d’elle ».

Laissez faire et lâchez prise

« Laissez la Source agir au travers de votre vie. Lâchez prise sur votre besoin de tout contrôler jusqu’aux plus petites choses. Créez l’espace qui permette à la source d’agir dans votre vie et voyez quelles prises de consciences et quelles expériences cela vous fait vivre.« 

Permettez aux autres de vous exprimer de l’amour

« Exprimez votre amour pour les autres en leur permettant de vous exprimer le leur. Permettez aux autres de vous aider quand vous en avez besoin. Permettez leur de vous exprimer leur compassion, de prendre leurs propres décisions, de faire leurs propres choix et d’être responsables pour leurs propres vies. Nous sommes toutes et tous sur un chemin différent. Aimez et respectez le chemin de chaque personne, juste comme vous souhaitez qu’elles aiment et qu’elles respectent le leur.« 

Faites confiance à votre propre sagesse intérieure

« Apprenez à écouter votre sagesse intérieure. Suivez sa guidance. Le sens de votre vie et vos appels s’y trouvent. Suivez cette petite voix discrète, car elle est la vraie voix de la Source dans votre vie. Quand vous avez des doutes, quand vous avez besoin de guidance additionnelle, votre sagesse intérieure est là pour vous guider. »

Nous ne sommes jamais seuls

« Nous ne sommes jamais seuls, Nous sommes constamment entourés par l’Amour et la Divinité. Chaque seconde de chacun de nous jours, même le plus sombre nous sommes relié-e-s à la Source. »

Faire des choix

« Notre outil le plus puissant dans cette vie est notre capacité à faire des choix, avant nos pensées, nos mots ou nos actions. Faits avec sagesse et compassion, nos choix sont les plus incroyables outils pour vivre la vie à laquelle nous aspirons. »

Vivez votre vie pleinement

« Vous avez une et une seule chance de vivre votre vie en tant que la personne que vous êtes maintenant. Une seule chance. Vivez cette vie pleinement chaque jour, utilisez votre temps avec sagesse et permettez-vous de vraiment ressentir ce que c’est que de vivre la vie en tant que la personne que vous êtes. S’il vous plait, ne gaspillez pas ce cadeau. Vivez votre vie le plus pleinement, de manière à en faire une expression de gratitude et d’amour. »

Exprimez votre gratitude

« Vivez, ressentez, exprimez votre gratitude tous les jours. Tout dans notre monde est un cadeau. La gratitude pour les choses que nous avons et les expériences que nous vivons est notre manière notre amour à la Source pour tous ces dons. Il est essentiel d’exprimer notre gratitude non seulement pour les grandes choses mais aussi pour les petites et aussi d’exprimer notre gratitude aux autres pour tout ce qu’ils amènent dans notre vie. »

D’aucuns trouvent ces principes bien basiques, Tel n’est pas mon cas. Est-ce que la société humaine autour de nous a vraiment l’air de vivre en complète fidélité à ces derniers? Et est-ce que le chemin pour y arriver a l’air si facile que cela?

Ces principes ont l’immense avantage d’être accessibles à tout un chacun, d’être concrets et de constituer un fondement solide pour une bonne vie. En tant que tels, ils me paraissent extrêmement précieux.

Ecouter notre sagesse intérieure nécessite d’être connecté à son corps, à ses ressentis incarnés, d’être capable d’accueillir ses émotions et de savoir quoi en faire. Et même là, tout n’est pas toujours simple…. Certains traumas sont bien cachés. Mais c’est indispensable pour pouvoir sentir où nous en sommes par rapport à ces principes et si quelque chose nous parle plus particulièrement ou, au contraire, nous met mal à l’aise. Il y a de très belles pistes d’exploration pour chacun-e d’entre nous.

Je vous souhaite une très belle aventure.

Sa présentation lors le la conférence de IANDS de 2016. On trouve d’autres interviews d’elle sur Youtube.
Son libre, disponible uniquement en anglais

Les NDE / EMI de l’extérieur et de l’intérieur

PMH Atwater est l’un des premières chercheuses à s’être intéressées aux NDE. en raison d’un parcours de vie pas tout simple, elle a agi en tant que chercheuse indépendante plutôt que rattachée à une institution académique. Elle est loin d’être la seule dans ce cas. Et c’est une des toutes premières membres de IANDS, l’International Association for Near Death studies. Elle a publié plus de dix ouvrages, dont certains sont traduits en français.

Quand bien même elle a agi en indépendante, ses travaux sont reconnus et réputés. Les travaux qu’elle a réalisé sur les personnes ayant vécu des NDE en tant qu’enfant sont particulièrement importants. Elle a aussi ceci de particulier que qu’elle a appliqué une méthodologie d’interview beaucoup plus proches des approches qualitatives et des méthodes forensiques (fille de policier elle a grandi dans un commissariat) que des méthodes quantitatives classiques en sciences sociales. Ca a créé de nombreuses controverses dans le monde académique. Il n’en demeure pas moins que ses travaux sont très importants et qu’elle a pu mettre en évidence des choses que personne d’autre n’avait même détecté. Et elle a des milliers d’interviews de personnes concernées, ce dont très peu de personnes disposent.

Elle est aussi l’une des nombreuses personnes qui ont une double casquette. Elle est à la fois chercheuse et personne concernée. Elle a elle-même vécu 3 NDE en 1977 en raison de problèmes de santé extrêmement mal soignés. Elle a survécu et ce sont ces NDE qui l’ont motivée à commencer des travaux de recherche sur le sujet. Il lui a aussi fallu rencontrer Elisabeth Kübler Ross qui a validé son vécu et lui a aidé à mettre des mots dessus, à une époque où l’information au sujet des NDE était très limitée et pas répandue.

Cette double casquette donne à ses travaux et à ses présentations orales un ton particulier. Elle s’exprime extrêmement bien, tant à l’écrit qu’en présentation, elle est parfaitement accessible et elle écrit pour toucher le plus grand nombre. Elle se lit aisément.

L’une de ses publications est le « Grand livre des NDE » qui permet de parcourir un très grand nombre de facettes de cette thématique avec un seul ouvrage. Il est très accessible, très bien écrit, illustré des oeuvres de personnes ayant vécu des NDE et particulièrement riche. De ce fait, il constitue une porte d’entrée excellente et fascinante dans cette thématique. Et il existe aussi en français! Et cette lecture est l’occasion d’entendre et de se laisser toucher par les expériences et le parcours de très nombreuses personnes.

La version originelle, en anglais
La traduction française

L’une des présentations qu’elle a fait pour IANDS

Et une deuxième:

Quand la cardiologie rencontre les NDE/EMI

Pim Van Lommel n’est pas le plus ancien chercheur en matière de NDE. Il n’est pas non plus le seul du monde médical qui se soit lancé dans ce sujet. Mais la plupart de ceux qui l’ont précédé ont publié leurs travaux dans des revues scientifiques spécialisées, comme le « Journal of near death studies« . Quand bien même elles sont accessibles à un large public, elles sont soigneusement évitées par tous les scientifiques qui « ne veulent surtout pas avoir à faire avec ça ». Elles ont néanmoins pu servir de vivier et d’espace protégé depuis une quarantaine d’années (IANDS, par exemple, a été créé en 1981).

Pim Van Lommel est médecin et cardiologue. Il a été formé de manière très classique et il ne s’attendait pas du tout à voir sa carrière évoluer comme elle l’a fait. Sa première rencontre avec ce sujet a eu lieu durant les années 60, quand il s’est fait proprement insulter par un patient qu’il venait de ramener à la vie. Il y a de quoi être interloqué, il l’a été.

Par la suite, il a rencontré d’autres histoires de même style qui ont continué à attirer sa curiosité. Il les a étudiés avec beaucoup de constance, pendant des décennies, au début sur son temps libre et discrètement. Ce travail lui a permis de recueillir des éléments qui lui disaient que les interprétations conventionnelles et matérialistes (hallucinations, etc.) ne tenaient pas la route.

Il a fini par avoir suffisamment d’éléments pour pouvoir proposer et faire financer un projet de recherche en bonne et due forme. Les résultats ont été à la hauteur de ses espérances et il a pu rédiger des articles à des fins de publication dans une revue scientifique avec révision par les pairs. Il a été le premier à réussir à faire accepter son article dans une des revues les plus prestigieuses au monde, à savoir le journal médical The Lancet. Son article a été publié en 2001 et eu beaucoup d’impact. Ses travaux sont très solides (ne publie pas dans The Lancet qui veut) et ils ont eu un très grand retentissement. Mais il a aussi ouvert la voie pour que d’autres chercheurs puissent enfin publier dans des journaux généralistes à très grand facteur d’impact. En tant que tel il a vraiment été un pionnier.

En tant que cardiologue travaillant dans le monde hospitalier, il a pu amener des éléments très solides concernant des cas de NDE qui se sont produit dans un environnement hospitalier avec énormément de données (liées au moniteurs de suivi des données vitales des patients), où des arrêts cardiaques d’une certaine durée impliquent nécessairement un arrêt complet du cerveau et où il devient de ce fait très difficile d’interpréter de manière conventionnelle des témoignages de personnes qui ont, entre autres, clairement vu ce qu’elles ne pouvaient pas voir.

Autre point essentiel, selon ses travaux, environ 12% des personnes qui ont subi un arrêt cardiaque ont vécue une NDE/EMI. en d’autres termes, il y a des millions d’êtres humains de par le monde qui ont cette expérience. Vu l’impact qu’elle a sur les personnes, et à quel point elle transforme leur vie, il se pourrait bien qu’elles finissent par aider à transformer des sociétés humaines qui ont bien du mal à évoluer.

Son article et son ouvrage (cf. ci-dessous) sont aujourd’hui des classiques qui méritent toujours d’être lus.

On notera enfin que c’est un des rares chercheurs qui a pu travailler sur ce sujet depuis une université européenne. La quasi-totalité des autres proviennent du monde anglo-saxon et certains chercheurs qui vivent en Europe continentale (dont Evelyn Elsaesser) collaborent d’ailleurs avec des universités anglo-saxonnes. Il semble, une fois de plus, que les rigidités du monde académique européen soit un énorme frein.

Site web de Pin Van Lommel

L’article de Pim Van Lommel publié par The Lancet en 2001.

L’ouvrage de Pim Van Lommel, qui fait suite à son article dans The Lancet

Il existe une traduction française, dont je ne sais pas ce qu’elle vaut.

Une des présentations de Pim Van Lommel auprès de IANDS

Le paradis sur Terre ?

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Thaïlande – Ko Phi Phi – Maya Bay, un des lieux qui serait un paradis sur Terre, source Wikimedia Commons

 

Bien des années après « dying to be me » (1), livre où Anita Moorjani raconte son parcours de vie, sa maladie, son expérience de mort imminente, sa guérison miraculeuse et la sagesse qu’elle en a retirés, elle vient de publier « what if this is heaven ? » ((2), la traduction française doit sortir tout prochainement). Dans ce nouvel ouvrage, elle affirme qu’il n’y a aucune raison pour que l’existence sur cette terre soit l’enfer que tant de personnes expérimentent et qu’elle pourrait, au contraire être bien plus proche de ce que nous qualifions de paradis. Elle développe son argumentation en abordant une dizaine de mythes qu’elle s’active à démonter. Chacun d’entre eux est présenté sous la forme d’un entretien avec une personne. Ces derniers sont inspirés d’entretiens qu’elle a réellement eus, mais sous une forme anonymisée et retravaillée.

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Le nouveau livre d’Anita Moorjani

Trois de ces mythes me paraissent particulièrement importants et elle a clairement marqué un point, en tout cas à mes yeux, sur ces sujets.

Le premier de ces points concerne notre système de santé. Elle affirme, à mon avis avec raison, que malgré les centaines de milliards de dollars dépensés dans ce dernier, il ne se préoccupe pas de notre santé, mais uniquement de lutter contre les maladies. En d’autres termes, rien n’est fait ou presque pour apprendre aux personnes comment vivre une vie plus saine, plus longue et plus satisfaisante, ce qui ne peut que contribuer à réduire leur risque de tomber malade et donc d’avoir besoin dudit « système de santé ». En cas de maladie, rien n’est fait non plus pour aider les personnes à mobiliser leurs ressources, ça n’est même pas considéré comme un sujet pertinent.

À mes yeux, cette affirmation est factuelle. Je constate que le problème n’est pas restreint au système de santé, mais étendu à toutes nos sociétés. Par exemple, récemment, le parlement suisse a obstinément refusé de financer des programmes de prévention au niveau national (3). Il a prétexté que ce sujet dépend des cantons et que la confédération doit faire des économies. Comme lesdits cantons doivent eux aussi faire des économies, personne ne fait rien et ça peut continuer comme cela pendant des décennies ! Sans être sûre de ce que je dis (je n’ai pas pu vérifier), je fais aussi le pari que la recherche en matière de prévention et de tout ce qui peut nous garder en santé est le parent pauvre de nos systèmes académiques. Sortir nos sociétés de cette situation va exiger un effort énorme et de nombreuses années, à supposer même qu’elles veuillent évoluer.

Le deuxième sujet sur lequel elle me semble avoir raison et un point très important concerne son affirmation selon laquelle même les personnes les plus spirituelles ont un égo et qu’il ne peut pas en être autrement.

C’est cet ego, ce « moi-je » qui nous permet de prendre conscience de nos ressentis et de nos affects, de nous connaître et de diriger notre vie. Sans ce dernier, nous sommes tout simplement incapables de fonctionner et nous serions réduits à une vie végétative (ou à mourir très vite). C’est donc d’autant plus étonnant et d’autant plus bizarre que certains mouvements spirituels mettent tellement d’énergie à le diaboliser et à en faire quelque chose qui doit absolument être réduit à la portion la plus petite possible. Les conséquences sont importantes quand de nombreuses personnes sont incapables de se respecter elles-mêmes et se font systématiquement passer après tous les autres. Cela laisse la porte ouverte à de très nombreux dysfonctionnements, en particulier sur le plan relationnel.

Elle remarque aussi que de nombreuses personnes souffrent de ce qu’elles appellent « l’ego » d’une personne de leur entourage. Mais, quand elles s’expliquent, ce dont il est question n’est pas tant l’égo de la personne, que son absence de sensibilité, son incapacité d’écoute, son lourd handicap relationnel, son absence d’empathie, voire son trouble de la personnalité sévère. C’est profondément différent et il convient de ne pas confondre.

Anita Moorjani présente le troisième de ces points via un événement qui lui serait arrivé lors de l’une de ses conférences. Lors du moment de questions de cette dernière, une jeune femme se serait levée et lui aurait demandé, d’une voie pleine d’émotion, ce qu’elle avait à dire au sujet de son très jeune enfant qui venait de mourir. Anita Moorjani a senti son immense douleur et sa détresse. Plutôt que de lui dire que son enfant était bien et en sécurité dans le monde des êtres désincarnés et qu’il était toujours avec elle, sensible à son immense douleur, elle est restée silencieuse, s’est levée, s’est approchée d’elle et l’a prise dans ses bras. À mes yeux, c’était la seule chose humaine et respectueuse à faire. C’est aussi pour moi le signe d’une personne assez humaine et sensible pour être capable de sortir de ses certitudes et d’aller à la rencontre de l’autre. C’est tout à son honneur. C’est aussi la confirmation qu’il n’est pas toujours possible d’être positif, qu’il est des situations ou c’est déjà bien (et juste) d’être vrai et sincère.

L’auteure aborde d’autres points qui me paraissent sensés, mais pour lesquels les choses sont à mes yeux plus complexes.

Elle utilise le trauma qu’elle a subi à l’école en raison des harcèlements incessants qu’elle y a subis (sans que ses professeurs ne la protègent), le sentiment de honte et d’être déficientes qu’elle a acquis suite à cela pour affirmer avec raison que ce qui nous arrive n’est pas nécessairement ce que nous méritons. En l’occurrence, il est beaucoup plus question de la profonde insécurité de ses camarades qui l’ont projetée sur elle en la harcelant sans relâche, que d’elle-même. Si je ne peux qu’adhérer à ce constat, je ne peux pas la suivre par la suite, quand elle en conclut que « les deux parties ont joué leur rôle dans cette scène de la vie humaine ».

Je veux bien que la profonde insécurité de ses camarades explique leur motivation, mais cela n’excuse ni ne légitime leurs actes. Par ailleurs, si Anita Moorjani a vécu une expérience extraordinaire qui lui a permis de se libérer d’un coup et sans effort du trauma que ce harcèlement a induit, elle ignore les conséquences dévastatrices et a très long terme qu’ont les traumas sur les autres êtres humains, ainsi que la durée et la très grande difficulté du travail qui est nécessaire pour s’en libérer, même avec les outils les plus efficaces à notre disposition.

Un autre chapitre est consacré au fait que de s’aimer soi-même n’a rien d’égoïste et que nous avons toutes et tous droit à une vie heureuse et satisfaisante. Si je peux aussi entendre cette affirmation, je me demande toujours ce que cela signifie vraiment que « de s’aimer soi-même, de reconnaitre que nous sommes faits d’une énergie divine et que nous sommes des êtres lumineux ». En ce qui me concerne, je constate que la simple exigence de me respecter au moins autant que je respecte les autres est déjà tout un chemin ! Et pour ce qui concerne le fait d’avoir une vie heureuse et satisfaisante, il me semble que nous devons toutes et tous faire avec les circonstances de vie qui sont les nôtres et qui sont loin d’être toujours optimales. Nous pouvons mettre beaucoup d’énergie à les changer et cela peut fonctionner au moins dans une certaine mesure. Mais il me semble qu’il y a toujours une limite sur laquelle nous finissions par buter. Et que faisons-nous à partir de là ?

Un chapitre est consacré à des situations dans lesquelles des personnes qui vivent des situations problématiques ne peuvent pas imaginer qu’il en va différemment des autres. Pleines de bonnes intentions, elles mettent beaucoup d’énergie à essayer d’influencer leurs proches pour que ces derniers adoptent les mêmes pratiques qu’elles-mêmes. Il y a effectivement toujours un risque à projeter ses propres histoires sur l’autre. Mais ce problème est connu, documenté et une personne avertie de son existence a tous les moyens nécessaires pour l’éviter. D’un côté de ce type de situation, il est nécessaire de toujours garder à l’esprit que l’autre est, justement, autre et qu’il peut y avoir une immense différence entre deux parcours de vie, deux situations apparemment semblables. De son côté, la personne qui sent qu’autrui projette sur elle sa propre situation et essaie de l’influencer va devoir s’affirmer et dire clairement « non », même si ça n’est pas facile pour tout le monde.

Un autre chapitre encore est consacré au fait que les femmes ne constituent pas un sexe plus faible que celui des hommes. Le sujet est traité via une conversation qu’elle aurait eue avec une jeune femme provenant d’une société particulièrement patriarcale. Cette jeune femme est en désaccord avec son compagnon au sujet de l’éducation de leur fille et elle est en grand désarroi quand elle constate que les autres hommes de sa communauté refusent de l’entendre. La conversation est intéressante. Mais l’auteure ne va pas jusqu’au fond du sujet. Elle évite de dire à cette jeune femme que, si elle entend vraiment protéger sa fille, elle va devoir très fortement s’affirmer quitte à s’opposer à son compagnon et à prendre des risques potentiellement importants. Plus loin, alors même qu’elle constate que, sous le vernis extérieur, le fond patriarcal n’est vraiment pas loin même dans les sociétés occidentales (4), elle n’aborde pas non plus le fait que les femmes doivent, de ce fait, encore prendre grand soin de défendre vigoureusement leurs droits dans ces mêmes sociétés.

Pour finir, ma vraie réserve concerne son affirmation selon laquelle il serait possible de transformer cette existence en quelque chose de paradisiaque.

En prenant soin de soi, en se respectant profondément, en se libérant de ses traumatismes, en s’affirmant quand c’est nécessaire, j’entends volontiers qu’il est possible de singulièrement améliorer sa qualité de vie, mais sans pour autant qu’il soit possible de parler de paradis. De plus, ce changement ne va pas de soi. Les résistances intérieures peuvent être très fortes, le chemin long, tortueux et compliqué. Les autres sont aussi susceptibles de s’y opposer fortement et le nombre de femmes qui succombent chaque année à un féminicide nous rappelle jusqu’où certains sont susceptibles d’aller.

D’autres changements sont à plus large échelle et nécessitent une évolution de toute la société. Or cela fait des millénaires, au moins, que des personnes particulièrement sensibles et douées mettent les doigts sur ces changements et sur les moyens à notre portée pour y arriver. Cela fait tout aussi longtemps qu’elles subissent les foudres de la société pour ce faire, quand elles n’y perdent pas la vie ! Il y a un moment où nous n’avons plus trop d’autre choix que de faire tant bien que mal avec les limites de cette société (ou alors de quitter ce monde) et cela ne contribue pas à faire de cette existence un paradis.

Le dernier point est que quelqu’un doit se charger du travail difficile, le plus souvent pas fun, voire carrément difficile et usant. Et ce sont souvent les êtres les plus sensibles et les plus éthiques qui s’en chargent, quitte à finir encore plus cabossés par la vie après qu’avant.

Ça n’est pas nécessairement fun et excitant que d’être régulièrement dans un service d’urgence a cinq heures du matin, disponible pour des personnes qui sont entre la vie et la mort. Ça n’est pas nécessairement fun et excitant de prendre soin de personnes très âgées, totalement dépendantes. Ça peut être encore pire quand, dans leur délire, elles vous couvrent d’injures et de coups. Ça n’est pas particulièrement fun non plus de passer une grande part de sa vie à défendre les droits humains, quelle que soit la cause, en effectuant un travail qui peut être épuisant, dans lequel les échecs sont bien plus nombreux que les réussites et dans lequel vous êtes parfois trahi par ceux-là mêmes que vous défendez ! Ça n’est pas nécessairement fun et excitant de mettre toute son énergie à œuvrer à faire évoluer une organisation pour qui c’est une question de survie et alors qu’une minorité de blocage met une énergie colossale à tout figer quitte à recourir au mensonge et aux pires formes de manipulation. Ça n’est pas fun ni excitant de défendre le territoire et l’environnement de peuples premiers face à des organismes qui n’hésiteront pas une seconde a s’en prendre à votre vie, quand ça n’est pas à celle des vôtres ! On peut continuer encore longtemps, la liste est très longue !

Pour conclure, Anita Moorjani me semble avoir un point sérieux quand elle affirme qu’il y a de nombreux cas où nous pouvons rendre notre vie plus pleine et satisfaisante. Nombre de ses points sont sensés et solides. Par contre, il me semble qu’elle sous-estime fortement la difficulté qu’éprouvent la plupart des êtres humains à évoluer vers plus de plénitude. Et j’ai, pour ma part, de très grosses réserves pour ce qui est de passer de « une vie notablement meilleure » au « paradis sur terre ».

 

(1) Anita Moorjani, Dying To Be Me: My Journey from Cancer, to Near Death, to True Healing, Hay House, 2012

(2) Anita Moorjani, What If This Is Heaven?: How I Released My Limiting Beliefs and Really Started Living, Hay House, 2016

(3) Parlement suisse, rejet de la loi sur la prévention de santé, septembre 2012, voir, par exemple : http://www.lematin.ch/suisse/Le-Conseil-des-Etats-enterre-la-loi-sur-la-prevention-sante/story/30500913

(4) En faisant référence aux propos violemment anti-avortement des républicains lors de la campagne électorale américaine de 2016

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